L'Europe est fascinée depuis longtemps par l'héritage matériel et spirituel des pharaons. Aux XVI^e et XVII^e siècles, les voyageurs rapportèrent de leurs expéditions les premiers témoins de l'art égyptien qui suscitent encore aujourd'hui la passion des collectionneurs.

Notre pays, particulièrement l'arc lémanique, en compte beaucoup. Une tentative de recensement des collections suisses, en 1978, a abouti à l'exposition «Le Don du Nil» (Zurich, Berne, Lucerne et Genève). En 1997, l'Antikenmuseum de Bâle renouvelle l'expérience, sélectionnant chez des particuliers plus de 200 pièces remarquables, encore mal connues ou même inédites, présentées sous le titre évocateur «Moments d'éternité».

L'exposition, qui met en lumière les différents genres et périodes de l'art égyptien, du -IV^e millénaire, jusqu'à la domination romaine, cherche à faire comprendre ce qu'est réellement cet art, quel message il transmet et comment il peut se définir. L'art égyptien ne doit pas s'entendre au sens moderne, comme de «l'art pour l'art», c'est un moyen d'atteindre l'au-delà. II obéit donc à d'autres lois que l'art européen, d'où l'idée que les préoccupations d'ordre esthétiques ne jouaient en Egypte qu'un rôle secondaire. Cette opinion n'est plus recevable, car, bien que beaucoup d'objets considérés aujourd'hui comme oeuvre d'art aient eu à l'origine une fonction rituelle, on ne peut réduire l'art égyptien à sa dimension religieuse. Au contraire, la recherche esthétique y est constante et nombre de ses créations passent à nos yeux encore pour la beauté absolue.

Modèle de bateau de voyage en bois stuqué et peint Moyen Empire, XIe - XIIe dynastie, vers 2000 av. J-C Collection privée suisse. Photo A-F Voegelin

Le sage Imhotep, statuette en bronze avec incrustations d'or Ptolémaïque, fin du IVe - IIe siècle av. J-C Collection privée suisse. Photo Claire Niggli

Masque de momie en cartonnage peint Ptolémaïque, IIe-Ie siècle av. J-C Collection privée suisse. Photo Claire Niggli