L'homme en Devenir

Une mutation de civilisation
L'expérience de la fin du XXe siècle semble aboutir à un consensus pour progresser par des réformes fondamentales et non plus par révolution. Mais ce consensus n'est-il pas celui des riches ? Le désespoir de ceux qui n'ont plus rien à perdre ne va-t-il pas engendrer de nouvelles révolutions ? Il reste à peu près certain que le futur ne suivra plus un mythe du progrès garanti, mais sera aléatoire, ouvert sur d'innombrables possibles dans un monde en constante transformation.

Après avoir été “maître de la Nature”, l'homme devrait devenir maître de lui-même et ainsi poursuivre une cinquième phase. Cela constituerait une évolution capitale de l'humanité avec la création d'une réelle société planétaire des individus, des ethnies et des nations.

Karl Marx rêvait d'un système qui ne nivellerait pas la société par le bas, George Orwell imaginait une société muselée par l'omnipotence d'un Big Brother, Hitler voulait créer une race pure, Chaplin dans “Les temps modernes” redoutait un univers robotisé, Jacques Tati dans “Play Time” voyait une société déshumanisée, etc. Pour échapper à de tels extrêmes, il faut inventer des solutions et faire conjuguer libre imagination, sens critique et générosité.

L'importance de l'éducation
Face aux multiples défis de l'avenir, l'éducation consitue l'élément fondamental pour permettre à l'Humanité de progresser. L'homme hérite de gènes, mais aussi d'une culture transmise dès son enfance, l'éducation contribue de façon décisive à faire évoluer l'humanité. Cette éducation doit passer autant par un apprentissage des méthodes que par l'acquisition de données, en tenant compte des préoccupations et des rythmes de l'enfant. Le rôle de la famille est essentiel, il faut réapprendre à former les caractères et les esprits.

Actuellement un enseignant a la charge d'un grand nombre d'élèves ce qui l'oblige à faire le même cours pour tous. Or chaque étudiant est un cas particulier avec ses rythmes propres, et le cours unique n'est pas le moyen adéquat pour tirer le meilleur parti des richesses individuelles de chacun. L'utilisation de l'enseignement assisté par ordinateur permettra à chacun d'apprendre à son rythme et d'aller chercher soi-même les informations sur des bases de données, l'éducation consistant à transformer l'information en connaissance. Le rôle de l'enseignant doit être revalorisé en devenant un conseiller et un guide.

Le défi de l'intelligence collective consiste à découvrir ou inventer un au-delà de l'écriture, un au-delà du langage tel que le traitement de l'information puisse être coordonné et distribué partout. Que l'homme ne soit plus l'apanage d'organes sociaux séparés, mais qu'il s'intègre au contraire naturellement à toutes les activités humaines et qu'il apprenne à vivre et à être.

Jusqu'au XVIIIe siècle, la majorité de l'humanité a été occupée à cultiver la terre en faisant travailler ses muscles, mais pratiquement pas sa matière grise. Une mutation de la civilisation devrait permettre à chacun de développer sa propre créativité : en particulier de développer son autonomie, son esprit critique, le sens des responsabilités, le goût de s'autocultiver tout au long de sa vie et d'être mobile dans sa carrière.

Quel projet pour l'Humanité ?
Notre époque connaît un foisonnement sans précédent, l'homme se cherche et s'interroge. Les valeurs s'effritent, la jeunesse ne se reconnaît plus dans les modèles traditionnels. Nous vivons aujourd'hui l'aventure inconnue de “la métamorphose des Dieux”. Pour la première fois l'on atteint les limites de la croissance démographique. Traversons-nous une crise économique mondiale qui se résorbera ou assistons-nous aux prémisses d'une mutation de civilisation ou même d'un changement d'ère ?

Notre époque souffre d'une profonde rupture de civilisation. La relation “passé/présent/futur” doit être revitalisée. Même si l'expérience de chacun ne peut être que singulière, une lecture du passé de l'humanité aide à comprendre nos différences culturelles. La connaissance, le respect du savoir et des croyances des autres sont indispensables pour élargir les consciences et abattre les murs qui séparent les individus et les peuples.

Aucun problème majeur ne peut désormais être résolu sans une référence à l'ensemble de la planète. Il est urgent de régénérer la démocratie et la créer là où elle n'existe pas. Il faut préserver la diversité du monde et surtout se méfier des solutions qui engendrent l'uniformité et la médiocrité. Après avoir fonctionné selon des schémas colonialistes, l'homme trouvera-t-il son épanouissement dans la multi-appartenance ? Commencer par respecter l'autre, c'est ne pas avoir des idées toutes faites sur ce qui lui convient.

Il est à peu près certain que le futur ne suivra plus “un mythe du progrès” garanti, mais qu'il sera aléatoire et ouvert sur des possibles dans un monde en constante transformation. Après avoir été “le maître de la nature”, l'homme devrait devenir le maître de lui-même. Cela constituerait une évolution capitale de l'humanité avec la création d'une réelle société planétaire des individus, des ethnies et des nations.