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Lien entre théorie de l'esprit et syntaxe complexe

Le but de notre application DIRE est de déterminer si les populations TSA et TSL peuvent aussi améliorer leurs capacités en TdE grâce à un entraînement des phrases enchâssées. L’entraînement proposé intègre cinq types d’activités.


Théorie de l'esprit

La Théorie de l’Esprit (TdE) fait référence à la capacité à attribuer des états mentaux à soi-même et aux autres, et en fonction de cette connaissance, à prédire ou expliquer certains comportements. Plusieurs études démontrent des difficultés en TdE chez des enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA) ou de troubles spécifiques du langage (TSL) et suggèrent un lien entre la réussite aux tâches de TdE et la maîtrise des phrases enchâssées.

Ce même lien émerge chez les jeunes enfants à développement typique (DT). Les phrases enchâssées, aussi appelées les phrases ‘complétives’, semblent donc constituer un excellent outil linguistique pour se représenter les croyances des autres. Certaines études d’entraînement chez les DT d’âge préscolaire montrent que l’entraînement aux phrases enchâssées/ complétives améliore les performances en TdE, ce qui peut suggérer que ce type d’entraînement peut avoir un effet pour des populations cliniques avec une difficulté persistante en TdE.

Application et activités

Le but de notre application DIRE est de déterminer si les populations TSA et TSL peuvent aussi améliorer leurs capacités en TdE grâce à un entraînement des phrases enchâssées. L’entraînement proposé intègre cinq types d’activités.

Activité 1

La première activité, inspirée du programme proposé par Laureate Learning (2014), enseigne les phrases enchâssées (entre crochets) impliquant un verbe à l’infinitif, par exemple : « Sophie voit [un bébé en train de rire] et Anna voit [un bébé en train de pleurer]». Ce sont les phrases enchâssées les plus simples.

Activité 2

La deuxième activité de DIRE porte sur les phrases enchâssées avec un verbe conjugué du type « La maman dit au papa que la petite fille a crié qu’il y a une araignée dans la baignoire ». Dans certains cas, ce qui est rapporté correspond à la réalité. Dans d’autres cas, il s’agit d’un malentendu, donc dans cet exemple il pourrait seulement s’agir d’une tache et non d’une araignée.

Activité 3

La troisième activité permet à l’enfant de s’entraîner à produire / répéter lui-même des phrases enchâssées. Les scénarii impliquent un personnage qui fait une activité qu’il décrit lui-même, soit avec précision, soit pas. L’enfant doit répéter le contenu de ce qui a été dit, qui est justement une phrase enchâssée.

Activité 4

Une quatrième activité est constituée d’un jeu de cartes, qui permet à l’enfant de désigner des ‘cartes’ correspondant à des structures syntaxiques simples, non-enchâssées, du type « Il y a une brosse à cheveux derrière le buisson » puis de les distinguer des structures enchâssées avec un verbe de communication du type « L’indien dit qu’il y a une brosse à cheveux derrière le buisson ». Le contenu de la complétive est de nouveau toujours illustré avec des ‘bulles de paroles’. L’enfant clique sur la bonne carte/illustration et sera corrigé en cas d’erreur ou félicité pour toute bonne réponse. Dans un second temps, l’enfant apprend à distinguer entre deux phrases enchâssées distinctes, en choisissant entre deux images qui illustrent des personnages décrivant des situations distinctes, toujours dans une bulle de parole. Il doit donc bien cerner qui dit quoi, entre par exemple « L’indien dit qu’il y a une brosse à cheveux derrière le buisson» ou «Le cowboy dit qu’il y a un hérisson derrière le buisson».

Activité 5

Lors de la cinquième activité, les personnages de l’activité 4 apparaissent avec leur bulle de parole qui décrit parfois des situations perçues de façon erronée et donc mal rapportées. En d’autres termes, leur complétive ne correspond pas à la réalité. Par exemple, l’indien peut dire qu’il y a un hérisson derrière le buisson, car la brosse ressemble à cet animal et alors il est induit en erreur. Comme les objets se ressemblent visuellement, nous aidons l’enfant à comprendre que les personnes peuvent se tromper et donc dire des choses qui décrivent, non pas la réalité, mais leur perception subjective de la réalité. On demande ensuite à l’enfant si le personnage a raison. Puis, si possible, on demande à l’enfant de répéter la structure dans son ensemble, «Le cowboy dit qu’il y a un hérisson derrière le buisson». Toutes les activités incluent des animations ludiques pour encourager l’enfant à chaque étape.