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Camp de Biologie de l'altitude et des Alpes

AltiCalvin/Candolle 2005

Récit du camp composé dans le bus par les élèves


"Dans une autre vie, toi, t'étais pas Chamois."

 Lundi 5 septembre 2005 :

Ça faisait un moment que j’en avais vu un préparer tout cela, à repérer les lieux et a réserver le chalet , le bus et préparer le budget... mais du haut de mes pâturages de Ferpècle, je les devine surpris après les désistements de se voir si peu nombreux au départ lundi matin à Calvin.

Mais la bonne humeur les a vite rejoints et ils s'interrogent sur les pyramides d'Euseigne..

Un copain du coin me dit qu’au supermarché d’Evolène, il les a entrevus courir à travers les rayons empilant leur nourriture à tort et à travers dans un chariot débordant : "et si on prenait plus de chocolat ? " , " Si on mangeait du thon ce soir ?".

Leur drôle de petit bus, les amène ensuite dans le fond de la vallée, près de mon domaine de Ferpècle, où habituellement aucun bipède ne réside dès l'été fini. Je les vois se promener d'un pas bizarre, il n'est pas souple et pressé comme celui des habituels montagnards, mais irrégulier : ils semblent explorer les environs.

Ils s'arrêtent d’abord pour regarder le mur du barrage, d'un air plus inquiets que les habituels touristes. Plus loin à la sortie des mélèzes, ils s'arrêtent, griffonnent des notes sur un AltiCalpin bleu ou jaune, prennent des photos. C’est drôle : ils se baissent et examinent les plantes mais ne goûtent même pas cette délicieuse herbe grasse et tendre. Ils quittent même la verdure et se promènent ensuite dans les rochers de la moraine et s'intéressent au glacier du Mont Miné loin là-bas… C’est qu’il est bien plus haut vers les cimes qu’autrefois !

Le soir venu, vers le chalet de Ferpècle où j’aime brouter entre les mélèzes, des effluves de pâtes au thon chatouillent mes narines et je les entrevois par la fenêtre, rigolant avec un jeu autour d'une table, on voit qu’ils sont en train d'apprendre à se connaître.

 

Mardi 6

Alors que je broute déjà depuis l’aube, il y a plus une heure, je les aperçois à nouveau par la fenêtre : une ou deux de ces bipèdes au réveil difficile contemplent, le regard vague, leur bol de flocons qui gonflent sans les manger. C’est bizarre, moi je mange toute la journée !

Ils s’accroupissent et se relèvent en rythme, avec un appareil à mesurer le pouls et parlent de Ruffier Dickson : ce doit être une danse à la mode…

Plus tard ils partent à l’assaut des alpages pentus vers Bricola où broute ma harde, et de loin je surveille leur approche. C’est alors qu’ils sont vraiment près qu’enfin ils nous repèrent et j’en entends un s'exclamer "Regardez là-haut, un chamois !"

Naturellement j’avertis mes jeunes cabris et mes femelles de se replier vers les hauteurs sans précipitation : ceux-là ont des appareils de photo et sont sans danger, ils n’ont pas de fusil !

Ils marchent cette fois plus régulièrement, comme les montagnards et je les vois plus loin s’extasier devant stupide troupeau de ces moutons bêlants qui broutent toute mon herbe !

-De leur pas si lent et avec de nombreux arrêts (on voit bien que cette espèce, avec ses pattes avant trop courtes, comme une sorte de Dahu arrière n’est vraiment pas construite pour la montagne … ) ils arrivent finalement à Bricola. Ils broutent un peu de chocolat et des biscuits, puis ils font une de ces drôle de danse de Ruffier-Dickson .

Je vois bien qu’ils sont vraiment nouveaux dans le coin : ils sont émerveillés par marmotte qui siffle au loin, prennent des notes sur les fleurs et les traces des glaciers d’autrefois !

-Attirés par l'espoir de la mythique herbe à Maggi ils partent vers la moraine du glacier sous la Dent Blanche et marchent le long de ces drôles de conduites où toute l'eau de mes alpages disparaît derrière des grilles comme toute celle du barrage qu’on ne voit jamais réapparaître... Je me demande bien qui nous la vole…

Le mur de foehn qui se décale vers la vallée menace d'apporter la pluie et ces pauvres bipèdes sans pelage se replient rapidement vers leur chalet.

Plus tard, par la fenêtre, je les vois agiter leurs doigts sur de drôles de machines blanches munies d’une pomme, où des photos de nous et des alpes apparaissent entre des textes.

La nuit tombée, ils passent leur soirée devant des crêpes, à discuter de cette vallée, de son histoire, de ses gens avec un type de la vallée, plutôt sympa, passionné et enthousiasmant, que j’ai souvent vu dans les montagnes, mais que je soupçonne un d'être un chasseur… Méfiance méfiance !

 

Mercredi 7

Le lendemain matin je revois à nouveau ces têtes pas bien réveillées devant les bols de céréales mais ensuite ils semblent très tendus quand je les vois enjamber la barrière du barrage et lentement descendre le long d’une corde de rappel l’un après l'autre. Bizarre comme en bas ils poussent une sorte de cri libérateur !

 

Un ami chevreuil vers Combioula me raconte qu'ils y sont allés par la forêt depuis Vex et se sont ensuite baignés dans la source chaude, avant de se régaler avec du pain du trappeur, de la ruschia, comme les bergers d’autrefois (il prétend que c’est là l’origine de la Raclette) et malgré tout le fromage tombé dans le feu, ils ont du faire une sieste pour digérer !

 

A Evolène, le rituel de la valse hésitation dans les rayons du magasin se répète, ils ressortent avec bien trop de nourriture… et ce soir là ils ont mangé un repas de salades mêlées (sans thon de provence) et des desserts bien mérités avant de s’endormir de ce sommeil réparateur que permet une bonne marche.

 

Jeudi 8

Un autre bipède que j'ai souvent vu sur arêtes des montagnes –ce doit être un guide - les rejoint et ils vont sur une sorte de falaise piercée (mon copain d’Evolène les a entendus parler de via-ferrata ?) sur lesquels ils semblent s’acharner à grimper.


Quand le dernier de la cordée chante pour les encourager "Hakuna Matata", le temps se gâte rapidement, et il pleuvra l'après-midi


Il me semble que certains étaient plus à l'aise que d'autres, et j'ai bien ri en entendant leur guide dire "toi, dans une autre vie tu n'étais pas Chamois"… ça c’est sûr que les humains, même le guide, ne nous égaleront jamais dans les abrupts paysages du Val d’Hérens et des Alpes !

Parvenus au pied de la falaise, ils ont même envisagé pour descendre de "rouler en bas en harmonie en chantant Hakuna Matata".


Vers le surplomb de La Forclaz où mes amis passent l’hiver, ils s'arrêtent pour manger une collation…et repartir vers des rochers en face de Ferpècle…


Là , malgré pluie menaçante, ils ressortent les cordes mais cette fois grimpent vers le haut de ces falaises après avoir chaussé des sabots « spéciaux d'Hérens » (dont l’adhérence est disent-ils mieux que nos sabots, ce que je ne crois pas volontiers… mais je dois reconnaître que c’était assez raide à cet endroit-là !)



Au soir dans la forêt, ils ont ensuite brûlé leur nourriture sur le feu avec des pierres plates, (je ne comprends pas cette habitude qu’ont les bipèdes… Est-ce que je brûle mon herbe , moi ?)

Vendredi 9

Le lendemain, après encore une petite danse de Ruffier-Dickson, ma copine d’Arolla me dit qu'ils ont finalement trouvé où l'eau qui disparaît de nos alpages passe : à l’usine des forces motrices d’Arolla dans des bruyantes machines qui la pompent dans ce grand lac De la Dixence dont est si fier mon cousin bouquetin au val des Dix là-bas !

Je les vois ensuite partir… Mais comme disait Marcel Gaspoz mon petit sabot me dit qu'ils reviendront bientôt.

 Florilège :

"on ne chante pas a table… ""on ne mange pas à table…"

"bob était tout seul, mais alors il fallait que je l'accompagne"

"je croyais qu'il y avait un palmier derrière moi, mais en fait c'était une mèche de cheveux"

"on arrête de se dire des conneries" — 5 min de silence.

"merbicien"

"on se fait un petit ruffier dickson" 20x par jour.


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