Interview de Béatrice Pellegrini

Nos analyses et commentaires

Nous avons fait notre analyse par thèmes.

Politique
 Le génie génétique concerne la politique en trois points principaux. Premièrement, les manipulations génétiques engagent des enjeux de société qui amènent les citoyens à des choix entre différents techniques novatrices. Il faut en outre voir que des intérêts commerciaux se dessinent derrière la vente des graines transgéniques. Troisièmement, le peuple suisse a pu voter sur le sujet à diverses reprises déjà .
 La journaliste pense que tout le monde peut voter sans connaissances scientifiques précises. En effet, les arguments du débat politique sont relatifs à l'économie et à la société.  Pour finir, ce genre de vote est intéressant du point de vue de la diffusion de la culture scientifique, car il force les citoyens à acquérir des connaissances précises.

Lois et contrôles
 Les lois qui réglementent le génie génétique sont en cours de rédaction. D'après Mme Pellegrini, les commissions de spécialistes sont tout à fait aptes à leur tâche, à savoir d'aider les députés fédéraux à rédiger les lois ; de plus les opposants comme les partisans sont  paritairement représentés. Par contre, le problème est de « trouver une législation qui reflète la diversité de la technologie et de ses applications ». En effet, certaines plantes peuvent être intéressantes mais d'autres sont très dangereuses, c'est pourquoi « il faut raisonner au cas par cas » en vue de composer ces textes.
 Mais le parlement national est-il en mesure de voter ces lois malgré l'aide des scientifiques ? - « Est-ce que le peuple suisse était compétent pour voter l'initiative ? »... Il ne faut pas rabaisser le citoyen à quelqu'un d'incompétent, car sinon la décision revient à un petit groupe de personnes qui peuvent peut-être manipuler.
 Ces lois sont en partie respectées. On ne décèle pas de mise en champ d'OGM illégal, car les malfaiteurs risqueraient très gros alors que beaucoup de choses sont déjà permises. Toutefois, les aliments contenant des OGM ne sont parfois pas étiquetés en conséquence. En effet, certains procédés « découpent l'ADN comme cela se passe dans notre estomac », et les gènes ajoutés ne sont plus détectables. Il paraît intéressant de mentionner le parallèle avec les propos de Guy-Olivier Segond, qui prétend qu'une telle fraude sera découverte « deux ou trois jours après sa mise sur le marché ».

Agrobusiness
 Le sociétés qui s'intéressent à l'agrobusiness sont très souvent des multinationales. Selon la chercheuse, ces dernières respectent les lois en Suisse, comme dans les autres pays. Mais par leur définition de multinationales, elles s'implantent dans les pays où la législation est très laxiste.
 En outre, nous nous rendons bien compte que lesdites boîtes agroalimentaires font de la publicité mensongère quand elles parlent de sauver l'humanité de la faim. Mais cet avantage mis en avant est scientifiquement possible, et B. Pellegrini montre bien que leur but est par définiton lucratif : « [Elles] ont des actionnaires derrière eux pour ça : [elles] doivent gagner de l'argent ».

Les consommateurs et leur sécurité
 Les consommateurs ont avant tout des craintes face au génie génétique, qui ne sont pas toujours justifiées. On pense souvent que lorsque l'on mange des aliments issus d'OGM, notre propre génome peut se modifier. A cette interrogation, Mme Pellegrini précise que ce sont des propos que l'on doit s'efforcer de démentir, car, scientifiquement parlant,  « le fait de rajouter un gène n'est pas un problème, c'est le produit du gène que l'on rajoute qui pose problème. On doit se poser la question aux cas par cas, suivant quel produit est synthétisé par un gène. » L'ADN est un élèment de notre corps très important et malheureusement très mal connu : il est à la base de ces questionnements.
 Pour ce qui est de la sécurité du consommateur en Suisse, il est difficile de les protéger. En effet, le système de démocartie directe a permis aux citoyens hélvétiques de refuser l'initiative du 7 juin dernier qui visait notamment à leur sécurité. Mais le comité d'intiative « s'est un peu coupé des moyens d'évaluation par sujet » en jouant la carte du mélange des applications très diverses du génie génétique. Après cette initiative, on peut pourtant veiller à sécuriser le consommateur face à la technologie par la discussion, par le débat médiatique. Après la rédaction des lois, « il faudra que les milieux concernés se remobi-lisent ». Si l'Etat est dans ce cas impuissant pour sécuriser le consommateur, les associations de consommateurs détiennent un pouvoir non négligeable, de même que des grandes sociétés alimentaires, telles que la Coop ou la Migros, qui « n'ont pas de raison de s'opposer [aux OGM], mais qui freineront [l'arrivée du génie génétique dans l'alimentation] tant que le consommateur freinera. »

Les médias et le génie génétique
 Les manipulations représentent un sujet dont les médias ont énormément traité, lors des votations surtout en juin 98. Le rôle du « bon journaliste bien zêlé est d'informer» ! Mais lors du débat autour de la votation, même les journalistes étaient obligés de prendre parti. Les médias ont relativement biaisé la discussion, en utilisant vers la fin de la campagne « un registre émotionnel [...] un peu exagéré ».

Ethique et avenir
 Selon Béatrice Pellegrini, les problèmes d'éthique ont un avenir incertain. Dans les prochaines années, « la qualité de vie aura beaucoup d'importance, mais aura-t-on assez d'argent pour s'offrir la mode Bio ? », cela reste une question que seul l'avenir pourra résoudre. Ces questions d'éthique vont donc plutôt continuer à influencer le consommateur.
 D'un point de vue plus général, la journaliste pense que durant les dix prochaines années les chercheurs vont faire énormément évoluler le génie génétique, bien que des voix d'oppositions  massives se manifestent. « Le génie génétique erst vraiment devenu la technologie du siècle prochain. »
 

 Enfin, Mme Pellegrini sépare sa position personnelle de sa position professionnelle sur le génie génétique. Personnellement, il ne faut pas faire confiance les yeux fermés à l'agroalimentaire. Puis, si les applications du génie génétique peuvent être bénéfiques, ce n'est pas la direction qu'on prend en ce moment. Sur le plan professionelle, elle tente d'être objective en présentant des arguments des bords opposés, comme dans le supplément de l'Hebdo dont elle a rédigé la majeure partie ; « mais on ne le fera jamais de façon complétement neutre. Et c'est tant mieux ».
 Quant à notre avis personnel et nos impressions sur l'entretien, nous pensons que Mme Pellegrini, à l'image de son supplément, fait preuve d'une relative objectivité dans la plupart de ses réponses. Notre avis concorde avec ses propos. Cet entretien a été très agréable, car une véritable discussion à dépassé le simple procédé question-réponse. On se rend compte qu'un avis scientifique permet d'ôter des doutes relatifs à ce qui est biologiquement possible : par exemple, des prévisions pour l'avenir qui se révèlent impossibles. Un avis scientifique mêlé à un esprit journalistique ont admiralement amené à des conclusions qui tiennent vraiment compte de tous les domaines du génie génétique.

Retour à la page d'accueil du projet YRE à Genève

jeudi 11 mars - 4:41