Analyse de l'interview de M.Toet,

Employé dans l'entreprise de Nestlé, à Vevey.

Juste après s'être présenté, M.Toet nous a formellement affirmé que Nestlé n'utilisait pas de produits génétiques, mais que l'entreprise utilisait exclusivement des dérivés de produits génétiques. Il commence tout de suite sur la défensive, de peur que nous écrivions quelque chose " qu'il ne faudrait pas ", en déformant (masquant) quelque peu la vérité ne sachant pas encore réellement ce que nous savions et ce que nous voulions. Il faut avouer qu'il connaissait bien le sujet : une exposition pour le musée de l'alimentation venait juste de finir pour laquelle il avait participé. Les questions que nous avons posé à M. Toet, lui avaient sûrement déjà presque toutes été posées. Il ne quittera jamais tout à fait sa garde. Suivant la façon de tourner notre question nous le voyions changer d'attitude, nous sentions les points "chauds" du sujets (les questions posées trente six fois, les attaques des organismes de protection de la nature).

Nous avons aussi très bien senti sa volonté de bien nous faire connaître son point de vue. Son point de vue est très rationnel et il ne s'égare pas dans l'imaginaire en parlant de ces produits génétiquement modifiés. Il nous a montré d'une façon simple, même un peu simpliste, que nous ne cessons de manger des aliments contenant de l'ADN, changé ou inchangé. Le génie génétique est, selon lui, un très bon outil pour lutter contre la lenteur des processus naturels. Mais sur le sujet de l'agriculture, il ne répondra pas aux questions gênantes, en précisant à chaque fois et avec raison que ce n'est pas son domaine ni celui de Nestlé et qu'il n'est donc pas qualifié (ce qui nous a paru quand même un peu facile). Avec un peu d'insistance de notre part, il répond finalement à une question portant sur l'impact de cette technique sur l'environnement, il rajoute que ce n'est que son point de vue personnel (pas celui de Nestlé).

Nous avons aussi senti son irritation contre Greenpeace (seul organisme nommé), qui lance d'après lui des attaques un peu facile et parle un peu trop hypothétiquement. " Nous ne sommes pas comme Greenpeace voudrait bien le faire croire. Nous ne pouvons pas forcer les gens à manger un produits qu'ils ne veulent pas. " On est en droit de se poser la question si pour lui ces gens ne vivent pas un peu en retrait de (retard sur) la réalité, dans un autre monde. " La nature, c'est le fait de toutes les actions humaines sur la nature, ce n'est pas la nature dont on rêve. C'est une utopie, mais pas pour tout le monde (lors de l'interview, clairement sous-entendu Greenpeace). Mais la conception de la nature comme quelque chose qu'on a pas touché, ça n'existe plus. " " Tout le monde (qui ça ? Greenpeace ?) dit que c'est parce que le consommateur ne lit pas l'étiquette "

Il faut reconnaître qu'il était plus pessimiste qu'eux sur l'état de la planète et ne voulait pas rêver à un monde utopique. Mais alors pourquoi ne pas y faire plus attention? Il a reconnu les risques de cette technique, qui nous paraissait après l'interview pas plus dangereuse qu'une autre. Il avait une confiance absolue en l'homme (un peu trop importante) et dans les possibilitées de cette technique (sans toute fois les exagérer) : " Il est possible avec cette technique de construire un individu très pathogène, mais nous avons la législation pour éviter cela. Tout comme il y a une possibilité de détruire le monde avec l'énergie nucléaire et tant d'autres possibilités. Mais nous avons une législation pour prévenir ce genre de chose et notre bon sens. Qui aurait intérêt à produire une telle catastrophe ou un tel individu? Personne, juste dans les James Bond. C'est aussi peu réaliste de dire que le génie génétique va résoudre tous nos problèmes.C'est juste un outil très utile. " Il souligne ici l'importance d'une législation.

Parfois nous nous sentions désarmés devant une affirmation que nous trouvions étonnante et invérifiable : l'expression du gène de la résistance contre les antibiotiques serait impossible car il manquerait à ce gène un promoteur (cette phrase a été il faut le dire très mal comprise lors de l'interview malgré l'explication supplémentaire demandée). Le fait aussi qu'il n'ait eu aucune influence sur les ventes lorsqu'un produit soit étiqueté cela nous a étonné. Mais son explication encore plus, nier une quelconque influence du "manque de lecture" de l'étiquette faite par le consommateur sur les ventes ne semble pas raisonnable (malgré son exemple).

A première vue, nous avons cru que M. Toet ne voulait pas nous répondre et qu'il évitait de mettre un lien entre ces manipulations et Nestlé en nous parlant de techniques diverses avec des expressions très compliquées.

En fait, son discours est cohérent, puisqu'il tient à défendre et sa compagnie et les autres, impliquées dans ce boom alimentaire…mais il y a une grande part de flou dans le point de vue de Nestlé. Ils restent probablement vague quand à leur application futur de cette technique et ne développent pas trop ces produits (OGM) car ils attendent de mieux connaître les conséquences du génie génétique. Peut être ne sont-ils pas aussi confiant qu'il voudrait nous le faire croire quant aux capacités de l'homme à prévoir les réactions de la nature, puis celle ? Ils ont peut-être encore quelques doutes quant au futur de cette technique ? Ils ne le diront jamais. Qu'ils ne connaissent pas encore tout de cette technique, par contre, ils le disent.

Le plus gênant reste le problème de l'étiquetage. Sur ce point monsieur Toet avait été très clair en nous montrant des exemples d'emballages. Tel qu'un emballage de pizza Marie, sur lequel était écrit, "provenant d'organismes génétiquement modifiés ". Et l'autre jour, nous avons eu le bonheur d'en voir une autre en France sur laquelle était seulement marquée " amidon modifié ". Pourquoi cette différence entre les produits présentés à Vevey et ceux dans les supermarchés français?

La législation leur permet, par exemple d'avoir 1% de produits OGM dans nos aliments ce qui n'est pas considéré comme génétiquement modifiés. En outre, M. Toet nous a certifié que la lécithine du chocolat représentait seulement 0.2% de la matière. Ce détail n'aura pas de changement économique, car c'est très faible.

Cependant, peut-on être sûr que le consommateur se rende compte de ce que, néamoins représentent ces 0,2 % ou ces 1% de matière OGM? Cette question peut être lobnguement traitée.

En conclusion, Nestlé est une compagnie protégée par sa marque et sa publicité qui, paradoxalement, n'est pas toujours positive. M.Toet a donc intéret à la défendre, tout comme les autres entreprises. Cette question sur les OGM est très délicate pour cela, et il faut aussi dire que les aliments transgéniques ont fait beaucoup de frais; financièrement, ils n'ont pas vraiment droit à l'erreur. D'ailleurs Nestlé dépend beaucoup des consommateurs. M.Toet