Amandine Dupont Stéphanie Favre Nina Probst, 2Ca présentent :

Interview avec M.RENTSCH responsable des tests à la Migros

Pourriez-vous nous expliquer votre métier ?

J'ai étudié à Zurich la biologie moléculaire, ça veut dire que je suis un spécialiste de l'ADN. J'ai appris toutes les techniques de la biologie moléculaire, donc je peux caractériser un gène, je peux mettre celui d'un micro-organisme dans un euchariote et je peux également caractériser le génotype des animaux pour corréler le phénotype avec le génotype.

Mais quel est alors votre rapport avec la Migros ?

Pour la Migros, je travaille avec des méthodes génétiques, la tâche la plus importante pour le moment c'est de détecter des organismes génétiquement modifiés ; donc c'est moi qui fait les tests. Par exemple si vous avez regardé " Temps présent " hier soir,à la télévision, c'était moi et mon chef qui avons parlé de la détection des OGM.

Donc la Migros vend des OGM ?

Normalement, on a des industries qui sont associées avec la Migros par exemple pour le chocolat c'est " Chocolat Frey " et pour le lait et les produits laitiers c'est " Estevayé ". Ces dernières ont beaucoup de produits contenant des produits dérivés du soja (comme la lécitine, les protéines de soja) ou du maïs (comme l'amidon, le glucose et d'autres sucres), et il faut faire un contrôle, c'est-à-dire que les industries que j'ai mentionnées nous envoient des échantillons et puis on fait des analyses sur les OGM et s'il n'y en a pas les fournisseurs peuvent livrer les ingrédients. C'est donc ainsi que l'on fait l'assurance qualité pour pouvoir confirmer qu'il n'y a pas d'OGM dans nos produits.

Pourtant ne vendez-vous pas de la nourriture pour animaux génétiquement modifiés ?

Non, elle est aussi contrôlée. Ici à la Migros, la nourriture pour animaux est déclarée. C'est-à-dire qu'il est inscrit sur l'emballage que le produit contient des ingrédients génétiquement modifiés. D'ailleurs, la loi en Suisse nous autorise à vendre certaines plantes transgéniques, pour autant qu'elles soient déclarées.

Donc vous vendez des aliments génétiquements modifiés.

Oui, nous en vendons dans le secteur des aliments pour animaux domestiques et seulement dans ce secteur.

Que se passe-t-il pour les aliments qui contiennent moins de 1% d'OGM ?

Il y a maintenant un changement dans l'ordonnance. Elle dit que si un produit contient moins de 1% d'OGM, on considère que ce ne sont que des traces et ce n'est presque pas possible de différencier à 100 % les produits OGM des produits conventionnels lors de la production, du transport, par exemple sur un bateau. C'est pour cela que l'on a instauré ce seuil de 1% pour que l'industrie soit encore capable de produire des aliments sans OGM, mais avec des traces inévitables. Si un produit contient plus que ce seuil, cela devra être déclaré.

Est-ce que cela change quelque chose qu'il y ait plus ou moins de 1% d'OGM dans un produit ?

Concernant le risque pour la consommation, c'est relativement dur de vous répondre. A mon avis, il n'y a pour le moment pas d'autre produit alimentaire qui soit aussi bien testé au point de vue de la composition et au point de vue des produits susceptiples de provoquer une allergie. Vous comprenez, les OGM sont tellement bien contrôlés que je pense que pour la consommation il n'y a aucun risque. Mais c'est clair que cela ne change pas grand chose si c'est au dessus ou au dessous de ce seuil de 1%. Ce n'est qu'une décision politique qui , pour éviter les blocages dans le marché, va tolérer des traces possibles d'OGM dans les produits conventionnels.

Ce n'est donc pas signalé si les produits contiennent moins de 1% d'OGM ?

Non, la loi ne nous y oblige pas.

On peut donc dire que s'il y a moins de 1% d'OGM dans le chocolat par exemple, vous ne le mentionnez pas mais on peut alors quand même dire que vous vendez des OGM.

C'est vrai, ça pourrait contenir des traces d'OGM à moins de 1%.

Est-ce que vos tests sont fiables à 100% ?

Nous organisons nos tests comme cela :on commence par une détection qualitative par laquelle nous sommes capable de détecter beaucoup moins que 0,1%. Si on a détecté encore des traces d'OGM, on fait alors des analyses quantitatifs et là on a déjà beaucoup de connaissances mais c'est quand même nouveau pour nous. Alors ce sont des méthodes établis et je ne crois pas que ça pose de grands problèmes à la société.

Mais pourquoi faut-il des appareils qui détectent aussi peu, alors que la quantité ne change pas grand chose ?

La quantité ne change pas grand chose comme je l'ai déjà dit d'abord on fait des analyses qui sont qualitatives qui sont très sensitives, on trouve vraiment des traces. Si on trouve un cas positif, on fait après encore une détermination.

Est-ce que vous faites des tests sur les produits importés, par exemple des Etats-Unis ?

Sûrement. On le fait régulièrement, on travaille très près du marketing. On est responsable pour l'import des produits venant des Etats-Unis, du Brésil et de l'Argentine où on collabore avec les agriculteurs.

Mais même si eux ont déjà fait des tests vous en refaites ?

Oui, parce que les standards sont différents même dans l'union européenne et pour ça c'est nécessaire de refaire des analyses pour remplir les demandes de la Suisse.

Il y a-t-il souvent des différences entre les vôtres et celles faites par les vendeurs ?

Ça peut arriver, il y a même des différences entre les laboratoires. Pour le moment ce ne sont pas des méthodes quantitatifs mais qualitatifs et c'est très dépendant de qui fait l'analyse surtout que les laboratoires ont des différences de quantitivité avec les analyses. Il est possible qu'un laboratoire dise que l'échantillon est postif alors qu'un autre dira qu'il est négatif avec le même échantillon.

Si vous pouviez vendre des OGM au dessus de 1% donc si le consommateur le voulait et que la loi le permettrait, est- ce que ça rapporterait beaucoup à la Migros économiquement ?

C'est permis depuis le 15 mai 1995. Si le consommateur le voulait ce serait un avantage, parce que les OGM les plus commercialisés pour le moment sont le maïs et le soja et que la Migros a plus de 1400 produits contenant des ingrédients de maïs et la même quantité contenant des ingrédients de soja. Donc il est clair que si on pouvait diminuer l'assurance qualité ce serait meilleur marché, mais la loi demande que les OGM soient déclarés et la Migros propose tout le temps des produits de remplacement et par cette alternative nous assurons l'assurance qualité dans ce sens.

Maintenant vous avez des produits OGM dans vos rayons ?

Nous évitons avec tous nos moyens qu'il y en ait, mais il est très difficile de contrôler chaque produit.

Vous ne pouvez donc pas garantir qu'il y en ait pas ?

Ce n'est pas ça que je dis. On ne peut pas avoir de garantie sur chaque produit. Le système d'achat des produits de la Migros se fait comme cela : la plupart des produits coloniaux sont organisés à une centrale à Zürich s'appelant le FCM, mais il y a aussi des produits qui sont achetés autonomement. Il est clair qu'avec autant de produits, ça peut arriver qu'un produit autonome contienne théoriquement des ingrédients OGM.

Quand on parle d'OGM dans les journaux on a l'impression qu'il y en a partout mais tout le monde dit qu'il en vend pas.

On a des tonnes de matériels qui contiennent des OGM prévus pour des grandes productions qu'il faut retourner aux producteurs. Ceci nous coûte beaucoup d'argent mais on le fait pour le consommateur. Pour le moment on ne veut pas en vendre mais c'est possible que dans le futur on ne soit plus capable de vraiment vendre que des produits non OGM, et là nous assurons la même assurance qualité en le déclarant et le consommateur saura qu'il y a des OGM dedans.

Mais quand vous retournez les aliments le producteur en fait quoi ?

Il faut les retourner pour les remplacer par des produits non-OGM et c'est difficile et cher. Il faut des fois même remplacer des produits conventionnels par des produits traçable jusqu'à leur producteur, mais c'est très cher et on paye le prix pour ça. Nos industries doivent souvent remplacer des produits conventionnels par des produits bio.

Mais ces produits conventionnels renvoyés, que deviennent-ils ? Sont-ils détruits ?

Nous avons des contrats avec les fournisseurs et on veut des produits non OGM donc si on trouve quand même des produits OGM on a le droit de les retourner.

Et qu'en feront-ils ?

Je pense que eux les revendront à un autre consommateur qui en veut.

A quelqu'un qui n'a rien contre les OGM ?

Ceux qui n'ont pas la possibilité de les contrôler. Ce n'est pas tellement trivial de détecter des OGM. Ce seront donc plutôt des petits magasins, s'ils ne font pas d'assurance qualité assez clair.

Je peux vous garantir qu'on fait le maximum pour éviter qu'ils soient partout.

Je pense que c'est vous la génération qui doit s'informer et ne pas juste dire que vous avez peur des risques. Vous mangez des millions d'ADN par jour et là vous n'avez pas peur que cette ADN s'intègre à un micro-organisme intestinal.

On a quand même interviewé des boîtes comme Novartis, Nestlé qui même eux avouent qu'ils ne peuvent pas tout garantir

C'est vrai. Il y a sûrement des risques et il faut être prudent avec la définition des risques. Vous avez raison, il y a des risques qui sont déjà décrits et d'autres qui ne sont pas encore reconnu, mais on connaît le gène qu'on a changé et on en a du respect et on le surveille.

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