Remarque : ceci est un travail d'élève au collège.
Il n'a pas de caution scientifique, médicale ou autre, et, bien que ces élèves aient fait un travail qui a été accepté dans le contexte scolaire, il ne peut prétendre être une source fiable d'informations !
  Introduction | Matériel et méthodes | resultats | Analyses et conclusions | Bibliographie |

Rapport de biologie

Stéphanie Favre, Romain Jordan, Bénédict de Moerloose, 2Ca

Biologie moléculaire :

I. Introduction

Lorsqu'en 1492, Christophe Colomb (cf. fig. 2) découvre le maïs, cette plante décrite comme " un blé gigantesque aux longues feuilles lisses, à la tige élégante aux graines dorées " (cf. fig.1, page 2) a déjà une longue histoire derrière elle. Cultivé sur les hauts plateaux du Mexique dès 5000 ans avant Jésus Christ, le maïs constitue la base de l'alimentation de nombreuses civilisations (Mayas, Aztèques et Incas) ; il est alors vénéré et assimilé au dieu de la vie et de la pluie

Au fil des siècles, l'homme s'est appliqué à faire évoluer le maïs en pratiquant des sélections de grains destinés aux semences et en créant de nouvelles races adaptées à la diversité des territoires : il y a 7000 ans, un épi mesurait 2,5 cm ; 2000 ans plus tard, 7 cm ; au début de l'ère chrétienne, 10 cm Il dépasse aujourd'hui 30 cm et la taille des grains est passée du format d'un grain de riz à celui d'un petit pois Entre temps s'est opérée la " révolution du maïs ".


Si depuis 7000 ans le maïs n'a pas disparu, c'est grâce aux soins constants des hommes : le maïs ne peut se reproduire seul, ses grains lourds et protégés pas des feuilles le rendent difficilement disséminable.


Aujourd'hui, le maïs est avec le blé et le riz l'une des trois premières céréales de la planète. Il est cultivé sur une surface totale de 134 millions d'hectares et sa récolte représente 560 millions de tonnes annuelles. Les Etats-Unis, le Brésil et la Chine en sont les principaux pays producteurs, suivis de l'Argentine, de l'Afrique du Sud et de l'Union européenne. Le maïs est utilisé à 78% dans l'alimentation animale, notamment celle des bovins, des porcs et de la volaille. 13% de la production sont consacrés à l'alimentation humaine (cf. fig. 3).



Depuis quelques années, une nouvelle révolution du maïs s'opère, celle du maïs dit " transgénique " (cf. fig. 4). C'est ce dont nous allons parler dans le développement qui va suivre. Le maïs Bt (Bacillus thuringiensis) produit notam-ment par la firme suisse Novartis est plus que jamais d'actualité.

Pourquoi a-t-on fait du maïs transgénique ? Comment réussit-on à faire du maïs génétiquement transformé ? Quels pourraient en être les risques ? Comment est-il perçu par l'opinion publique ? ce sont les quatre questions auxquelles nous allons tenter de répondre à travers ce travail de biologie moléculaire.


II. Matériel et méthodes


Dans un premier temps, nous nous sommes rencontrés à la bibliothèque de la Cité pour rechercher de la documentation dans un large domaine (génie génétique, et, si possible, maïs transgénique) malheu-reusement, il s'est avéré que les disponibi-lités en matière de génie génétique de la bibliothèque, bien qu'une votation le concernant vienne d'être proposée au peuple suisse, étaient quasi nulles. Toutefois, après moultes recherches dans les articles des journaux (cf. fig. 5), eux, disponibles, nous avons trouvé des informations que nous pourrions qualifier de solides.

Puis, dans un second temps, nous avons contacté la fameuse firme suisse Novartis via Internet (http://www.novartis.com), en leur demandant de nous faire parvenir toute la documentation qu'ils avaient en leur possession. Et c'est avec une grande suprise que nous avons reçu deux jours seulement plus tard une excellente documentation claire et complète, même si cette dernière ne présente pas un point de vue impartial, Novartis étant bien entenu pour le maïs transgénique.


Troisièmement, nous avons effectué des recherches générales sur Internet, au moyen des divers moteurs de recherche (Yahoo!, AltaVista, ). Il faut dire que les sites disponibles sur le sujet étaient quasiment innombrables ! De nombreux forums, de nombreuses organisations scientifiques, etc. proposaient une documentation très riche. Notre travail d'ailleurs est surtout basé sur ces informations, même si il est parfois difficile de les vérifier, le Net n'offrant pas toujours une garantie à 100%.


Puis, pour la rédaction, nous nous sommes vus tous les trois pour réaliser une mise en commun, chacun ayant préparé de son côté une des trois questions principales. Egalement pour le chapitre Analyses et Conclusions, nous l'avons rédigé ensemble.


Du côté du matériel, nous avons donc surtout utilisé l'ordinateur (cf. fig. 6). Les machines du CPTIC, gracieusement mises à disposition des élèves du Collège Calvin, ainsi que leur imprimante. Nous avons également servi une connexion Internet, pour une durée d'environ 5 heures au total. En effet, consultation, lecture, impression, tout cela prend beaucoup de temps ! Enfin, une bonne organisation nous a permis de ne pas trop y perdre notre temps si précieux.

Lors des interviews, nous nous sommes servis d'un enregistreur portable ainsi que de cassettes d'une durée totale de 90 minutes. Heureusement, nous n'avons jamais eu à en utiliser une entière !


III. resultats


Pourquoi a t-on fait du maïs transgénique ?


L'amélioration des plantes est une activité aussi ancienne que l'agriculture. Dès que l'homme a su cultiver les espèces nécessaires à son alimentation (cf. fig. 7), il a tenté de les adapater à ses besoins. Pour ce faire, il a appris à choisir, au sein d'une population, les individus susceptibles de reproduire des caractéristiques jugées désirables telles que la succulence, la fertilité où la grosseur des fruits. Ainsi, au fil des millénaires, des formes ont été abandonnées au profit d'autres plus belles ou plus performantes et avec le progrès des connaissances au 18ème siècle, des croisements ont été réalisés pour tenter de créer de nouvelles variétés. Progressivement, la pression de sélection qui s'est exercée à conduit à une transformation complète des plantes domestiquées, mais aussi à une disparition où à une raréfaction des populations locales. Des quelques 3000 plantes qui nourissaient l'homme il y a 1000 ans, une trentaine seulement constituent l'essentiel de l'alimentation actuelle des populations humaines. A l'ancienne diversité des espèces indigènes, s'est donc substitué aujourd'hui un petit nombre de variétés hautement sélectionnées et cultivées sur de vastes superficies. Cependant, face au risque d'être à terme privé d'une source précieuse de matériel, les sélectionneurs ont maintenant constitué des collections de plantes sauvages et rustiques qui leur servent de réservoir pour "puiser" des caractères intéressants.2


Aujourd'hui, le but des sociétés comme Novartis est d'augmenter la productivité et la qualité des aliments qu'ils fabriquent tout en leur enlevant certaines caractéristiques inaptes à la consommation. Par exemple, la maison américaine Merck veut faire breuveter une poule à la croissance plus rapide et rendue moins grasse. Ces firmes réaliseraient alors un chiffre d'affaire substanciel : des études de marché prévoyent en effet des gains de plusieurs milliards de francs d'ici quelques années. Ces mêmes firmes envisagent également la conquête de nouveaux marchés grâce à l'apparition de goûts inconnus.


Mais, la principale raison de la conception et de l'utilisation du maïs Bt est de lutter contre la larve de pyrale, qui, en s'introduisant dans la tige du maïs (cf. fig. 8), progresse dans la plante en se nourrissant de ses tissus jusqu'à sa métamorphose en chrysalide. Dans certaines régions d'Europe et d'Amérique du Nord, les pertes peuvent atteindre jusqu'à 30% des récoltes ! Elle détruit chaque année 7% de la récolte mondiale de maïs, soit 40 millions de tonnes. Pour remédier à ce fléau, les agriculteurs déversent et utilisent des produits phytosanitaires pour combattre cette larve, en y consacrant un budget financier considérable. De plus, l'efficacité de ses insecticides est limitée et nuit sérieusement à l'environnement. En effet, l'insectide ne peut plus atteindre les larves lorsqu'elles celles-ci ont pénétré dans la tige.1



Le second but de ce fameux maïs Bacillus thuringiensis est de rendre la plante tolérante à une enzyme, un herbicide total, le gluphosinate-ammonium, au nom commercial de Basta3. Ce système est issu de la nature; en effet, les gènes de tolérance proviennent des bactéries du sol ainsi que le gluphosinate. Dans la culture du maïs, cet herbicide permet une nouvelle approche du désherbage associant un large spectre à une excellente sélectivité; ils devraient permettre de mettre en place un désherbage raisonné et représentent un progrès important dans le contexte actuel de la culture du maïs en Europe (cf. fig. 9)4.


Il reste à présenter le gène marqueur qui permet donc cette transgénèse: l'ampiciline, une pénicilline d'hémisynthèse. Contrairement aux deux autres, il est silencieux dans la plante: il n'exprime pas la protéine3.



L'ampicilline est un antibiotique qui agit spécifiquement sur les bactéries au niveau de la paroi qui les entoure. En présence d'ampicilline, les bactéries éclatent. En dehors des bactéries, aucun autre organisme n'est sensible à ce pouvoir antibiotique. Il n'est donc pas pertinent de parler de résistance à l'ampicilline à propos de l'homme, des animaux ou des plantes du fait de la spécificité de son mode d'action. Le gène bla code pour l'enzyme béta-lactamase TEM1. Cette enzyme inactive l'ampicilline; les bactéries qui portent le gène bla sont donc résistantes à l'ampicilline. Le Maïs Cb est dans l'impossibilité biologique de " déchiffrer ", d'exprimer ce gène et donc d'effectuer la synthèse de l'enzyme de résistance. La question a été cependant posée de savoir si le transfert éventuel du gène bla du maïs à des bactéries ne favoriserait pas la dissémination de la résistance à l'ampicilline, donc compromettrait l'utilisation clinique de cet antibiotique en cas d'infection bactérienne. Ce gène est omniprésent dans le monde bactérien sur les cinq continents et se transmet naturellement de bactérie à bactérie à des fréquences élevées. Chez les animaux et les hommes, au minimum 2 individus sur 10 sont porteurs naturellement de bactéries résistantes à l'ampicilline. Cette fréquence élevée s'explique par l'existence de mécanismes de transferts spécialisés. Le gène bla est universellement employé depuis une vingtaine d'années par des milliers de chercheurs et étudiants en biologie. Le type de construction génétique qu'ils utilisent est tel qu'il interdit ces transferts de bactérie à bactérie. Il n'a d'ailleurs jamais été montré que l'utilisation du gène bla dans les laboratoires et salles de travaux pratiques n'ait eu de conséquences épidémiologiques. Cela signifie qu'au cas où ces transferts " impossibles " se sont produits, ils n'ont eu aucune signification clinique. C'est ce même type de construction génétique que Novartis a utilisé dans la mise au point du Maïs Cb. (cf. fig. 10) Des expérimentations menées dans plusieurs laboratoires indépendants ont permis de conclure que si cette construction rend " impossible " le transfert du gène bla de bactérie à bactérie, elle rend encore infiniment moins probable le transfert entre l'ADN du maïs et les bactéries. On ajoutera que les conditions naturelles (dégradation de l'ADN par fermentation dans les silos, au cours de la mastication, au cours de la digestion) sont encore beaucoup moins favorables au transfert que les conditions expérimentales du laboratoire. Toutes ces données ont permis aux experts américains, canadiens, japonais et européens de conclure que le transfert du gène bla du maïs vers des bactéries ne constitue aucun risque pour l'homme et les animaux5.


Comment fait-on du maïs transgénique ?


Dans un premier temps, il paraît indispensable de définir ce qu'est exactement une plante transgénique exactement : est dite " transgénique ", une plante dont un ou plusieurs caractères ont été acquis, non par transferts de gènes entre deux plantes parentales lors d'un croisement, mais par des techniques de génie génétique. resultats : comme tous les OGM, une plante transgénique comporte des séquences d ëADN obtenues par des mainpulations in vitro. Ces techniques permettent de cloner, séquencer, découper, modifier, recombiner des fragments d'ADN d'origines diverses, le tout pour fabriquer des gènes chimériques6.

Le succès de toute transgénèse suppose la pénétration de l'ADN étranger dans les cellules, son intégration dans le génôme, l'aptitude des transgènes à être exprimés, et enfin la possibilité d'obtenir la regénération d'individus entiers à partir des cellules génétiquement modifiées. En ce qui concerne le maïs, l'introduction des transgènes se fait par l'intermédiaire de la bactérie Bacillus thurigiensis. Les transgènes doivent ensuite pouvoir s'exprimer dans les cellules végétales, qu'ils soient d'origine animales, fongiques (champignons), bactériennes ou synthétiques. Il faut que les signaux permettant leur transcription et leur régulation soient reconnus par la machinerie cellulaire de l'hôte. Ceux-ci doivent donc être empruntés à des gènes végétaux présentant la même régulation. De même si l'on souhaite que la nouvelle protéine soit acheminée vers un compartiment cellulaire particulier, la traduction du messager du gène chimérique devra conduire à une protéine-fusion, qui adjoint à la séquence de la protéine mature celle d'un péptide capable de la mener à " l'adresse " désirée7.


Quels sont les risques ?


Comme nous l'avons dit plus haut, les avis concernant les dangers et les bienfaits du maïs transgénique ne sont pas évidents et sont parfois même, très partagés. Nous avons dit que le maïs Bt de Novartis contenait trois gènes étrangers :



Voici les resultats bruts concernant les dangers potentiels et des bienfaits:


génétique. Personne ne peut savoir à l'avance si l'élimination d'un seul gène ne va pas entraîner l'activation d'un autre gène qui coderait pour la production d'un composé toxique ou allergène. C'est très peu probable, mais il faut garder cette éventualité présente à l'esprit et prendre toutes les précautions nécessaires2.


D'autres pensent que le maïs Bt n'est pas allergène. Le maïs Bt ne se distingue du maïs traditionnel que par le fait qu'il produit deux protéines supplémentaires: la protéine Bt et la protéine résistante aux herbicides. Toutes deux sont depuis toujours présentes dans les bactéries. Les êtres humains et les animaux, en consommant des légumes crus ou des salades qui contiennent une multitude de bactéries, ont toujours absorbé ces protéines1.



Par ailleurs, on connaît les mécanismes en jeu dans la façon dont la toxine Bt exerce son effet sur la pyrale. Mais on ignore ses effets chez les malades ou les bébés, qui auraient un estomac plus fragile. De plus, cette toxine perfore le tube digestif de l'insecte, un effet qui ne survient qu'en un milieu moins acide que l'estomac humain. Or certains médicaments diminuent l'acidité de l'estomac. Ce qui pourrait logiquement solubiliser d'avantage cette toxine. Sachant que certains patients sont susceptible d'être affectés par son ingestion, il est de la plus extrême importance, de garantir sa traçabilité3.

Il faut faire aussi attention, car cela peut sembler paradoxal, mais les plantes transgéniques porteuses de résistances aux insectes doivent avoir des effets très circonscrits. En effet, il est de première priorité qu'elles évitent de porter préjudice aux insectes pollinisateurs comme les abeilles. Là encore, des test toxicologiques sont entrepris avant de semer la plante en plain air4.

D'un autre coté, Novartis affirme que le maïs Bt a été soumis à de nombreux contrôles de sécurité en laboratoire, sous serre et dans les champs. Les resultats confirment que ce maïs est inoffensif pour l'alimentation humaine et animale comme pour la culture1.



Mais cette idée a été réfutée, affirmant qu'effectivement 50% des bactéries E. coli commensaux du tube digestif possèdent ce gène, mais cela ne concerne pas les bactéries responsables de diarrhée, où le taux est beaucoup plus faible et varie selon les espèces. L'incorporation d'un gène de résistance dans ces bactéries ne seraiet donc pas anodine, d'autant plus qu'une mutation ponctuelle dans ce gène lui confère la propriété de résistance à la classe d'antibiotiques des céphalosporines les plus récentes, comme l'a montré l'Unité des agents antibactériens à l'Institut Pasteur. Or les mutations spontanées sont fréquents chez les bactéries et les céphalosporines sont utilisées pour lutter contre des cas d'infections graves3.






Interview de Thierry Mermod, ingénieur agronome


Romain Jordan : Pourriez-vous vous présenter s'il vous plaît ?


Thierry Mermod : Je m'appelle Thierry Mermod, je suis ingénieur agronome, mais exactement je suis économiste agraire.


RJ : A quoi vous fait penser le mot " transgénique " ?


TM : Pour moi, étant donné que j'ai étudié la chose, il m'est difficile d'en penser quelque chose de négatif. Mais simplement cela me fait penser à un organisme ou à un produit dont on a modifié le génôme, mais cela ne veut pas forcément dire qu'on l'a manipulé génétiquement en intégrant un nouveau gène. A la limite, si l'on extrapole, on pourrait dire que le transgénique est une sélection conditionnée par un croisement.


RJ : Pensez-vous être bien informé, en tant que citoyen ?


TM : Déjà lors de la polémique sur la votation, l'information était très mauvaise. Franchement, je crois que les scientifiques n'ont pas réussi à présenter le sujet de manière assez claire. D'une manière générale, l'information demeure extrême-ment mauvaise.


RJ : et en tant qu'ingénieur agronome ?


TM : Il existe des ingénieurs agronomes qui sont pour, et d'autres qui sont contre.


RJ : donc il n'existe pas de différence notable entre l'homme et l'ingénieur agronome ?


TM : (rires) Non, pas du tout, car nous sommes formés pour savoir ce que c'est, mais j'ai de nombreux collègues qui sont contre, pour des raisons biologiques, culturelles, ou éthiques. En gros, cela ne change rien ; nous sommes mieux informés, mais cela ne change rien à la vie que l'on peut avoir. Ceux qui étaient contre avant le sont toujours.


RJ : Qu'avez-vous pensé de cette initiative sur la protection du génie génétique ?


TM : On a demandé des choix aux gens qu'ils ne sont pas capables de faire. Déjà pour la science cela pose des problèmes, alors pour les citoyens Mais je pense qu'une interdiction est toujours négative ; si on interdit quelque part, les gens iront ailleurs pour faire ce qui est interdit. Donc il vaut mieux faire cela en Suisse, car on a un système très contrôlé, que d'aller dans un pays du Tiers-Monde où la même surveil-lance n'est pas offerte. Bref, c'est mieux que cela se passe chez nous.


RJ : Que pensez-vous des autorités en charge de ce dossier ?


TM : Il faut prendre la règle de la sélection, tout ce qui est sélection, que ce soit blé, maïs, c'est la sélection naturelle. Personne ne dit ce qu'il faut faire. Ce sont les chercheurs eux-mêmes qui disent, " dans 10 ans, on aura besoin d'un blé comme ci comme ça ", et personne ne peut dire s'ils auront raison. C'est un domaine où il y a très très peu déjà à la base de compétences requises pour savoir qu'est-ce qu'il faut choisir comme type de variété. Donc les gens qui essayent de modifier génétiquement les variétés comme le maïs sont ceux qui déjà essayent de proposer quelque chose de nouveau. Maintenant, les autorités qui s'en occupent, c'est comme partout, il y a des gens qui sont bien et d'autres moins bien. C'est un sujet très complexe le problème, ce sont les toxicologues, qui, si l'on arrive à produire des maïs qui n'ont plus besoin de produits phytosanitaires, qui protègent ce dernier de la pyrale, effectivement auront beaucoup moins de travail, car il n'y aura plus de formule chimique qu'il faudra approuver ou ne pas approuver, alors il y a déjà un conflit d'intérêts. Et puis, il y a toute la question écologique, où personne ne sait vraiment ce qu'il peut arriver. Donc les autorités en charge de ce dossier complexe forment plutôt une sorte de consensus où beaucoup de choses entrent en ligne de compte.


RJ : et des firmes comme Novartis ?




TM
 : (rires) Alors Novartis, ils veulent gagner de l'argent ! Et, s'ils veulent que leur volonté s'exhausse, il faut qu'ils trouvent des solutions nouvelles, de nouveaux produits. Bien sûr qu'il y a eu des erreurs, mais ils ont en général une politique transparente sur la chose. Les sociétés comme Novartis, si elles ne fournissent pas des informations, cela fait de la mauvaise publicité, et les gens vendent les actions. Ils ne peuvent pas se permettre de ne pas informer, tellement il y a de groupes de pression qui sont sur eux. Ils sont tout de même assez surveillés, de part le fait qu'ils sont internationaux. D'un autre côté, ils risquent également le boycott. Si ce dernier venait à se produire, cela coûterait alors très cher à Novartis.


RJ : Est-ce que cela vous dérangerait de manger du maïs Bt ? Avez-vous des valeurs ou des raisons morales qui vous empêcheraient de manger des aliments " génétiquement modifiés " ?


TM : Non, pas du tout. Mais c'est facile à dire, n'est-ce pas ? Les gens qui disent la même chose que moi, une fois qu'ils se trouveront devant un paquet de pop corn avec la mension "OGM", hésiteront à deux fois et choisiront plutôt un produit classique. Mais scientifiquement parlant, un gène modifié est une protéine, une protéine est faite d'acides aminés, qui, une fois dans votre estomac, vont être coupés en morceaux. A ce moment-là, ils sont totalement ingurgités et vont dans le sang. Donc, que vous ayez X ou Y, dans votre corps, il sera normalement coupé. Toutefois, certaines personnes disent " Oui, mais l'on pourrait influencer la flore de l'intestin ". Au niveau alimentation, vous pouvez manger n'importe quel gène, à moins qu'il soit poison, il ne nous fera pas pousser de longues oreilles, La génétique, c'est transformer des gènes qui viennent des protéines, et ces dernières sont séparées en morceaux un fois dans le corps. Il y a une raison, je dirais, que mettre des produits phytosanitaires sur maïs, c'est plus dangereux qu'une protéine modifiée. Il faut un peu oublier cette idée " ah cela va nous faire pousser des oreilles longues et fourchues ". Le seul danger se situe dans les champs, lorsqu'une plante résiste à quelque chose, à laquelle ne résistait pas avant, cela peut modifier l'écologie agricole, c'est-à-dire que la spyrale peut dépérir, et comme les systèmes naturels sont complexes, si la spirale disparaît, cela pourrait avoir des effets sur une autre chose ça on ne sait pas.

RJ : Qui devrait manger du maïs Bt par exemple ? Animaux, humains,  ? Est-ce que l'on devrait seulement l'utiliser pour nourrir les animaux ?


TM : Cela poserait problème, ce serait impossible, car il a tellement de dérivés qu'il est présent partout. Il est ainsi impossible de séparer. Par contre, le Colza fourrager pourrait être limité quant à lui aux animaux, mais là encore, les opposants diront " ah mais après on mange la viande des animaux " voyez, c'est toujours impossible.


RJ : Est-il dangereux de se prendre pour Dieu ?



TM : C'est une question philosophique ce n'est pas mon domaine ! Je dirais juste que les gens qui font de la recherche savent très bien que s'ils vont trop loin, trop vite, la cellule qu'ils travaillent mourra. Ils savent se donner des limites raisonnables. Donc, dans un domaine scientifique, je dirais que non, nous ne nous prenons pas pour Dieu.




RJ : Pensez-vous que les OGM (tels que les maïs demandant moins d'eau) fabriqués pour vivre dans des conditions difficiles pourraient venir en aide aux pays du tiers-monde (sécheresse, ) ?


TM : Voilà l'argument des gens qui sont ultra pour : " C'est la solution : on aura assez à manger pour tout le monde c'est le Paradis ! " Peut-être peut-être mais les problèmes qu'on a actuellement au Tiers-Monde, c'est que l'on a pas d'engrais, pas de capitaux pour investir, pas de routes, pas d'organisation. Les gens vivent au jour le jour, il y a tellement de problèmes, que je ne pense pas que les OGM pourront tout changer.


RJ : Jusqu'où devons-nous accepter le génie génétique ? Où se trouvent les limites ?


TM : Bien sûr qu'ils existe des limites, qui consistent, à mon avis, à dire ce qui est utile et important. Cela ne sert à rien de faire n'importe quoi n'importe comment.


RJ : Si les dangers sont effectivement présents, quand se présenteront les consé-quences ? (si on le sait)


TM : Si je le savais, je ne serais pas là, je serais très riche et très connu. Il est impossible de le savoir !


RJ : Merci beaucoup d'avoir accepté de répondre à nos questions !


TM : Merci à vous.




La cassette relatant la totalité de l'interview est disponible auprès des auteurs, ainsi que la retranscription des dires de Thierry Mermod sur papier.




Interview d'Anne Briol

Députée écologiste au gouvernement genevois


Nous avons eu la chance de pouvoir atteindre Anne Briol, par l'entremise de son parti, les Verts, que nous avons à nouveau contacté par Internet. Elle a pu nous accorder quelques minutes pour répondre à nos questions. Voici donc l'interview:


Bénédict de Moerloose : Pourriez-vous vous présenter s'il vous plaît.

Anne Briol : Je m'appelle Anne Briol et je suis députée écologiste au Grand-Conseil.


BM : A quoi vous fait penser le mot " transgénique " ?

AB : Manipulations génétiques.


BM : Pensez-vous être bien informé, en tant que citoyen, sur le sujet ?

AB : Non, je pense que les citoyens ne sont pas suffisamment informés à ce sujet.


BM : et en tant que députée ?

AB : Non plus !


BM : Que pensez-vous des autorités en charge de ce dossier ? sont-elles compétentes ?

AB : Elles sont trop laxistes. Ils suivent les avis et se laissent influencer par Novartis.


BM : et des firmes comme Novartis par exemple ?

AB : Simple souci de rentabilité, cela prouve bien qu'ils ne font pas attention aux conséquences.


BM : Est-ce que cela vous dérangerait de manger du maïs Bt, avez-vous des valeurs ou des raisons morales qui vous empêcheraient de manger des aliments " génétiquement modifiés " ?

AB : En aucun cas. Mais j'en ai d'ailleurs sûrement déjà mangé sans le savoir !


BM : Qui devrait manger du maïs Bt par exemple ? Animaux, humains,  ? Est-ce que l'on devrait seulement l'utiliser pour nourrir les animaux ?

AB : Ni l'un ni l'autre ! ! !


BM : Pensez-vous que les OGM (tels que les maïs demandant moins d'eau) fabriqués pour vivre dans des conditions difficiles pourraient venir en aide aux pays du tiers-monde (sécheresse, ) ?

AB : Le problème ne se situe pas à ce niveau. Il se situe niveau de l'argent et de l'économie. De plus, si on implante des plantes génétiquement modifiées dans un pays de sécheresse, cela pourrait provoquer de graves problèmes


BM : Si les dangers sont effectivement présents, quand se présenteront les conséquences ? (si on le sait)

AB : A très court terme, peut provoquer des allergies. A long terme, à cause des cultures.

Merci beaucoup d'avoir accepté de répondre à nos questions.


IV. Analyses et conclusions


Pourquoi a t-on fait du maïs transgénique ?


Le phénomène d'hybridation, découvert en 1908, a bouleversé les méthodes traditionnelles de sélection. De manière empirique, les sélectionneurs ont favorisé des fécondations croisées entre lignées distinctes conduisant à la création d'hybrides plus vigoureux que les géniteurs : c'est le phénomène d'hétérosis. Depuis cette même période, les échanges de matériel génétique au niveau mondial permettent d'exploiter la remarquable variabilité génétique du maïs. Enfin, les deux dernières décennies ont enrichi ces méthodes d'outils fournis par les biotechnologies : culture in vitro, carte génétique du maïs et enfin transfert de gènes. Cette intervention des biotechnologies n'est qu'une suite naturelle et logique du développement des techniques d'amélioration des plantes.


IGN="JUSTIFY">Pour répondre à ces enjeux présents et à venir, les industriels mettent à disposition de la communauté et de ceux qui la représentent des moyens issus des progrès de la biologie et du génie génétique.


Parce que la population mondiale croît chaque année de 90 millions d'habitants (soit 3 bouches de plus à nourrir par seconde), la planète doit faire face à des besoins toujours croissants en denrées alimentaires, en matières premières et en énergie. La satisfaction dépendra essentiellement du potentiel de l'agriculture à produire plus et mieux. En 2010, la population mondiale avoisinera donc les 8,5 milliards d'habitants. L'essentiel de cette croissance se fera principalement dans les pays en voie de développement, notamment en Asie.


En effet, le maïs comporte énormément de dérivés alimentaires (13% environ de la production du maïs), qui sont tous aussi utiles les uns que les autres pour l'homme. On compte notamment  le maïs entier lui-même, pour fabriquer les semoules et les farines (ex : Polenta, Corn Flakes, ), les germes de maïs, pour faire les huiles (Margarine, mayonnaise, ), les amidons non raffinés, afin de produire des épaississants (pâtisseries,), des substances porteuses pour additifs (poudre édulcorante, chewing-gum, ), et les édulcorants. Pour le reste, veuillez vous reporter au chapitre I, Introduction, page 3.


Le problème est d'autant plus crucial que les surfaces cultivables (cf. fig. 12) sont en constante diminution partout dans le monde. Cette diminution est essentiellement due à l'urbanisation sur les meilleures terres agricoles et à l'érosion des sols.


Parallèlement, le stock de sécurité en céréales diminue constamment.


Le recours aux biotechnologies dans le développement de la culture du maïs résistant aux insectes et aux agents pathogènes ouvre la voie à une nouvelle source de progrès qui permet d'éviter une perte conséquente parmi les récoltes.


Les biotechnologies végétales auront un rôle majeur à jouer pour augmenter l'efficacité des technologies traditionnelles qui ne semblent pas pouvoir assurer à elles seules cette nouvelle révolution verte.


Afin d'accroître sa compétitivité, la filière agricole doit constamment chercher à améliorer la maîtrise de la culture du maïs de façon quantitative et qualitative et ce, en dépit d'aléas de natures diverses. Non seulement dépendants de facteurs climatiques, les maïsiculteurs doivent faire face à divers ravageurs dont les plus pernicieux sont les chenilles de pyrale.


La pyrale infeste près de 70% des surfaces françaises de maïs grain, soit 1 million d'hectares. Elles occasionnent des dégâts qui fluctuent localement entre 5 et 30%. En fonction du degré d'infestation, ces dommages engendrent une perte économique pour la filière de 75 millions à 250 millions de francs suisses par an.

Le maïs résistant à la pyrale préserve, au niveau mondial et pour le maïs, l'équivalent de 400% des besoins français soit 15% des besoins américains.

Par ailleurs, une perte de 5% de la production mondiale de maïs équivaut au nombre de calories que consomment en un an 60 millions de personnes sur la base d'une consommation moyenne par personne de 3000 calories par jour.


Les maïs tolérants à un herbicide apportent une solution supplémentaire pour le désherbage chimique des cultures. Leur intérêt est avant tout lié au bon " profil environnemental " des molécules concernées qui présentent une biodégradabilité rapide dans le sol permettant ainsi de mieux protéger les eaux. Ils peuvent également apporter une solution dans des contextes de désherbage très difficile avec des problèmes de destruction de plantes vivaces par exemple. Cette nouvelle technique de désherbage pourrait s'imposer en particulier dans les zones où la qualité des eaux pose problème assurant du même coup la pérennité de la culture du maïs dans ces secteurs.



Comment fait-on du maïs transgénique ?


Les techniques de transfert de gènes (cf. fig. 13, page 18) sont véritablement très complexes. Développées depuis 20 ans, elles sont basées sur la technologie de l'ADN recombiné. Celle-ci consiste à couper l'ADN au moyen d'enzymes bactériennes pour isoler les fragments d'ADN correspondant à un gène particulier. Le gène intéressant est intégré dans un autre ADN (provenant d'un bactériophage ou de plasmides) au moyen d'enzymes. Cette nouvelle structure va permettre de transférer le gène dans des bactéries où il sera multiplié en grand nombre. Le gène ainsi dupliqué sera introduit dans la cellule receveuse : il s'agit du transgène.

Les plantes transgéniques sont naturellement produites par l'action d'une bactérie ñ Agrobacterium tumefaciens  ñ qui contient un plasmide porteur de gènes capables d'induire des tumeurs dites " galle du collet " et capables de s'intégrer dans le génome des plantes. En remplaçant les gènes capables de provoquer la tumeur par le gène que l'on désire introduire dans une plante, on transforme le plasmide bactérien en un vecteur permettant le transfert de gènes dans les espèces végétales qui peuvent être infectées par Agrobacterium . Des plantes transgéniques furent d'abord obtenues par infection de protoplastes (cellules isolées dépourvues de paroi cellulaire) suivie de régénération à partir de ces protoplastes. Cette technique longue, limitée aux plantes capables de se régénérer à partir de protoplastes, est aujourd'hui largement remplacée par celle qui consiste à découper de petits disques dans les feuilles et à les infecter par Agrobacterium  contenant le plasmide recombiné porteur du gène à introduire. Placés sur des milieux adaptés, ces petits disques se régénèrent, des racines poussent et une plante transgénique est obtenue. Cette technique est particulièrement bien adaptée à la production de tomates, pétunias, tabacs transgéniques, espèces qui, d'une part, sont facilement infectées par Agrobacterium  et, d'autre part, produisent facilement des plantes à partir d'explants de feuilles. Les succès obtenus avec les dicotylédones ne furent pas, dans un premier temps, reproduits avec les monocotylédones, et en particulier avec les principales céréales. Cela conduisit à reconsidérer les techniques d'introduction directe d'ADN dans les protoplastes ou encore dans la lignée germinale des céréales.

Par ces deux techniques, des plants de riz transgéniques mais aussi de maïs furent obtenus, laissant prévoir un succès rapide quant à la production de multiples céréales transgéniques, le principal obstacle restant actuellement non le transfert mais la régénération à partir des protoplastes. Des conditions particulières permettant l'infection de plantes monocotylédones par la bactérie du sol Agrobacterium tumefaciens  furent aussi trouvées. Ainsi, si l'on dépose, au niveau de la blessure d'une plante monocotylédone, la bactérie accompagnée de substances libérées au niveau de la blessure d'une plante dicotylédone, une infection suivie d'une intégration du plasmide contenant le gène à introduire peut être obtenue.


Le transfert de gènes est réalisé par différentes méthodes selon la nature de l'organisme receveur. Pour introduire un gène étranger d'intérêt agronomique dans la plante, il existe donc deux méthodes : par transfert indirect et transfert direct. L'une consiste à utiliser une bactérie Agrobacterium tumefaciens en substituant le gène choisi à une partie de son ADN, l'autre fonctionne par électroporation de cellules végétales isolées ou par micro-injection. Dans notre cas, c'est-à-dire celui du maïs, la paroi cellulaire s'oppose au passage de macro-molécules comme les gènes. Aussi, les scientifiques ont utilisé le procédé du canon à particules afin de traverser la paroi cellulaire. Des microbilles d'or ou de tungstène enrobées d'ADN contenant le gène d'intérêt ont été propulsées à travers la paroi de la cellule et ont pu ainsi atteindre le noyau auquel s'est intégré le gène. Dès lors, la plupart des cellules de la plante transgénique ont été capables d'exprimer les caractères liés au transgène. Le succès de toute transgénèse suppose la pénétration de l'ADN étranger dans les cellules, son intégration dans le génome, l'aptitude des transgènes à être exprimés et enfin la possibilité d'obtenir la régénération d'individus entiers à partir des cellules génétiquement modifiées.



Quels en sont les risques ?


Le blé transgénique comporte donc beaucoup de bienfaits, et malheureusement aussi, un certains nombre de dangers potentiels.

Les bienfaits apportés par le maïs Bt comprennent tout d'abord le gène contenant une enzyme résistante à l'herbicide Basta, empêchant ainsi l'utilisation de pesticides ce qui serait très bon pour les paysans.


D'autre part, le gène contenant la toxine Bt, en tuant les larves de Pyrale surtout, pourrait apporter de grands profits économiques et réduirait certaines charges sur l'environnement.

Malheureusement, il y a beaucoup de dangers, bien que très incertains, et changeant selon les sources. Tout d'abord, de manière générale, on craint le manque d'expériences. Il est possible aussi qu'un végétal modifié génétiquement puisse prendre avantage sur un autre, ou que l'élimination d'un gène entraîne l'activation d'un autre gène, qui coderait pour la production d'un composé toxique ou allergène. De plus, il n'existe jusqu'à aujourd'hui aucune loi concernant la dissémination des OGM.

Plus spécifiquement, on craint que les malades ou les bébés qui ont un estomac plus fragile ne supportent pas la toxine Bt et que cette dernière perfore leur tube digestif. Il est également possible que survienne une intoxication chronique sur plusieurs années où les doses de cette toxine s'accumuleraient.

Concernant le gène résistant à l'ampicilline, on ignore s'il n'y aurait pas un risque de transfert interespèce. On ajoutera que les conditions naturelles (dégradation de l'ADN par fermentation dans les silos, au cours de la mastication, au cours de la digestion) sont encore beaucoup moins favorables au transfert que les conditions expérimentales du laboratoire. Toutes ces données ont permis aux experts américains, canadiens, japonais et européens de conclure que le transfert du gène bla du maïs vers des bactéries ne constitue aucun risque pour l'homme et les animaux. Cependant, d'autres personnes réfutent ces hypothèses et affirment au contraire que certaines expériences ont démontré l'absence quasi totale de danger.


Quelles conclusions pouvons-nous donc tirer de ces considérations contradictoires ? Il est certain que la réponse ne peut être catégorique et que le temps répondra plus précisément à toutes ces questions. Mais actuellement, un jugement définitif semble tout à fait prématuré.


Ethique


Selon le point de vue des opposants, le fait de modifier un organisme est impensable ; pour les partisans (cf. fig. 14), c'est une technique qui a toujours été utilisée lorsque l'on produit par croisement des organismes plus aptes au marché. Pour d'autres, seules les modifications utiles au consommateur peuvent être faites, d'autres encore sont révoltés rien que par l'idée de manger un OGM.

On craint aussi les dangers que représente le génie génétique. Les adversaires du génie génétique imaginent tous les scénarios apocalyptiques possibles. Pour eux, il s'agit d'interdire immédaitemment cette technique qui peut amener de telles catastrophes (par exemple : mutation irréversible de plusieurs maillons d'une chaîne alimentaire). Certains partisans du génie génétique pensent que : " de toute façon on n'arrête pas le progrès ", " qui ne risque rien n'a rien ", etc.

D'une manière générale, il est difficile de parler d'éthique quant au maïs spécifiquement. En effet, ce dernier est uniquement un des composants de l'immense chaîne que forme l'alimentation mondiale. Mais, à notre avis, il présente un problème encore plus grand que le génie génétique lui-même, car ici, comme nous l'avons remarqué plus haut, cela à trait à ce que nous mangeons, donc cela nous touche directement, et cela ne touche plus seulement les brebis comme la fameuse Dolly qui fût clonée. Avant tout, ce problème reste individuel. En effet, comme Thierry Mermod nous l'a dit lors de son interview, tant de valeurs ñ ou raisons ñ entrent en ligne de compte (biologique, éthique donc, mais aussi religieuses, même politiques), qu'il appartient à chacun de se forger son propre avis.


En conclusion, l'éthique se base sur des valeurs changeantes selon le temps, le lieu, les personnes. Il est important que chacun se documente, afin de pouvoir se modeler sa propre opinion, mais celle-ci sera toujours fondée sur une base irrationnelle, là où ses sentiments personnels fixent les tabous.


Pour conclure, nous dirons en premier lieu que le maïs transgénique, est et a été avant tout confectionné pour servir l'humanité. En combattant la pyrale, il nous permet de sauver une bonne partie des récoltes, compensant ainsi l'urbanisation qui s'intensifie d'année en année.


Au moyen des techniques ultra-modernes dites du " génie génétique ", nous arrivons désormais à modifier le code génétique ñ dans notre cas ñ d'un maïs, pour le rendre plus résistant. Grâce à ces nouveaux procédés, tels que l'électroporation et le pistolet à ADN, nous pouvons désormais surmonter l'obstacle représenté par les monocotylédones, qui restent à l'abri de l'Agrobacterium.


Quant aux risques potentiels, ils demeurent présents, même si le maïs Bt promet la lune. Le maïs Bt présente-t-il une totale innocuité alimentaire ? Y-a-t-il un risque de dissémination ? Les pyrales ne risquent-elles pas de développer une résistance au maïs génétiquement transformé par la bactérie Bacillus thurigiensis ? tant de questions auxquelles chacun donne sa réponse, qui lui convient le mieux. Il existe un tel manque d'informations sur le sujet, que beaucoup de personnes demeurent dans un état d'incertitude totale. En effet, il paraît bien difficile de trouver la bonne réponse à toutes ces questions que nous nous posons tous.

Enfin, l'éthique entre aussi en ligne de compte ; par ses habitudes, ses doctrines, ses valeurs et encore plein d'autres facteurs tout aussi importants, l'homme d'aujourd'hui hésite, notamment en Europe. Notre pays, la Suisse, s'est d'ailleurs prononcée contre une initiative visant à interdire complètement le génie génétique ; l'on perçoit ici la volonté de progrès des Suisses, tout en maintenant une surveillance sur les sociétés comme Novartis, afin qu'elles ne soient pas trop libres, et fassent n'importe quoi

Pour finir, nous allons prendre position dans cet épineux débat. Il a été difficile de trouver un terrain d'entente, car la diversité des opinions, comme nous l'avons souligné plus haut, est infinie. Nous dirons que globalement nous sommes pour le maïs transgénique, mais à certaines conditions, qui sont : premièrement, il faut que l'estampillage des produits génétiquement modifiés soit respecté, à savoir que la mention " OGM " soit apposée sur ceux-ci, afin de laisser le libre choix au consom-mateur. Deuxièmement, des organes de contrôles strictes doivent êtres imposés aux sociétés, ainsi que sur le terrain, afin d'être parés en cas de problème particulièrement grave (transmission du gène Bt, ). D'autre part, il paraît indispensable de voter une loi sur la dissémination des OGM visant à contrôler ce marché. Bref, il faudrait une seconde initiative, non utopique celle-ci, qui limiterait le génie génétique. Enfin, et c'est le plus important, si l'on arrive dans les années à venir, à déterminer les éventuels risques et à contrôler ces derniers, alors là le génie génétique aura un bel avenir devant lui


V. Bibliographie



VI. Remerciements

Nous tenons à remercier en premier Thierry Mermod, qui a accepté de répondre à nos questions pendant une bonne heure, ainsi qu'Anne Briol, qui nous a répondu entre deux rendez-vous. Ces interviews nous ont notamment permis de bien centrer le problème éthique. Aussi, nous tenons à remercier notre professeur de biologie, François Lombard, pour les réponses aux questions par e-mail, ainsi que pour les fichiers sources informatiques de ses circulaires distribuées en classe. Par ailleurs, nous tenons à remercier Philippe et Patricia Jordan, pour leurs traductions de textes anglais et leur relecture si précieuse. Enfin, nous remercions le CPTIC pour ses ordinateurs et son imprimante mis à notre disposition.

S. Fa. / R. Jo / B. dMo / nov. 98