Il y avait près de 40 inscriptions et nous avons
été choisis. C'était déjà un signe
!
Comme quoi ça n'arrive pas qu'aux autres
Un entraînement en juin à vélo et en piscine, des
conseils et des techniques plein les oreilles puis nous affrontons
les vacances avec des devoirs de plongée !
A peine la rentrée arrive, qu'un autre entraînement
passe à organiser les combis' puis à vélo et
dans l'eau.
Enfin,
à l'aurore, devant le collège un peu jaloux, nous partons vers
le sud, la Méditerranée... Bien des heures de car plus tard, nous
pouvons enfin nous baigner, nous installer dans les tentes du Centre Azur dans
la pinède, au son des cigales et avec cette odeur si évocatrice
d'embruns, de figuier et d'aiguilles de pin. Et ils voudraient nous faire travailler
!
Le pire est qu'ils y arrivent et que nous finirons par aimer
ça ! Il faudra pédaler pour aller au Brusc, où
les fonds mystérieux et un peu effrayants
révèlent leurs trésors d'éponges
colorées, d'algues aux reflets irisés, d'ophiures
fragiles, de poulpes si affectueux...
L'après
midi nous étudions, observons, dessinons, rédigeons, sous l'oeil
expert et encourageant avant de profiter d'une soirée libre à
Sanary.
Après encore des observations, du vélo, et la
rédaction achevée, nous profitons d'un coucher de
soleil sur le cap de Port-Issol. Ensuite la plongée nocturne,
tant attendue (et tant crainte) nous fait découvrir la
féerie des traînées phosphorescentes du plancton
dérangé que laissent nos gestes, ou la danse des
faisceaux de lampes inquiets. Baignés par l'angoisse
délicieuse de la profondeur noire et immense d'où les
vieux fantasmes de monstres confus remontent de notre mémoire
collective avec le capitaine Nemo ou les souvenirs de bêtes
affreuses qu'enfants nous admirions au muséum, nous avons
là encore ouvert une porte, fait tomber une barrière
entre nos vies de citadins et la nature. ça n'arrive pas
qu'aux autres !
Aux Calanques, un déluge s'abat sur nos têtes...
mouillées puisque nous sommes dans l'eau, mais le pique-nique
détrempé met à rude épreuve l'optimisme
invétéré des accompagnants... De retour à
Cassis, nous découvrons la rue principale sous 20 cm de boue
et de cailloux. ça n'arrive qu'à nous !
A Port-Cros, la "cerise sur le gâteau" du stage, l'exploration
de cette réserve sous-marine témoin de l'état de
la Méditerranée d'autrefois, il a fallu encore admettre
que les éléments déchaînées
étaient les plus forts : Force 8 Et seuls les plus courageux
d'entre nous ont pu plonger après encore une heure d e marche
avec les plombs et tout le fourbi de plongée.
ça n'arrive qu'à nous !
A 7h du matin à Rive le dimanche à Rive il faut
quitter les rêves, le midi, les beautés et la mer en
furie pour affronter la grisaille genevoise et la noble quête
du savoir et du travail à rattraper.
ça ça n'arrive pas qu'à nous !
Elleh Veumoyain
Dessins de Virginie Hochstrasser
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F.Lombard Février 2000