Quand je mange un steak, quand je me déplace en véhicule, quand je prends une douche, je consomme des ressources naturelles. Chacun de mes actes saccompagne dune consommation que la nature doit me fournir et de déchets quelle doit absorber.
Pour boire un verre de jus dorange acheté dans une grande surface, jai besoin de nombreuses ressources quon nimagine pas souvent : Il faut notamment :
Des études ont estimé quil fallait environ deux litres de pétrole pour quun litre de jus dorange arrive jusquà ma table. De plus, il sagit là uniquement de laspect énergétique des ressources mais on a vu quil y en avait dautres
De la même manière, on peut essayer de compter toutes les ressources dont on a besoin pour salimenter, se déplacer, se loger, acquérir des biens de consommation (téléphones portables, vélos, télévisions, etc.) et pour de nombreux services (hôpitaux, écoles, banques, etc.).
Dans chaque cas, on saperçoit quil y a beaucoup de ressources à prendre en compte et quon ne peut pas tenir compte dune en négligeant les autres. On doit donc penser GLOBALEMENT !
Imaginons un instant quune coupole en verre ne laissant passer que la lumière du soleil soit placée sur notre ville, lenfermant dans ses limites naturelles. Serait-il possible pour la ville de se maintenir durablement dans ces conditions ? Et sinon, pourquoi ?
La réponse est naturellement non car les ressources que la ville consomme (matières premières, énergie, ) et lélimination des déchets ne pourraient pas se faire avec la seule surface de la ville. On peut donc en déduire que les villes doivent " emprunter " des ressources à lextérieur de leurs limites (pas forcément à leur entourage car de nombreuses denrées et déchets voyagent sur de grandes distances à cause de la mondialisation).
Une question se pose alors : Quelle serait la surface sur laquelle il faudrait étirer la coupole pour que la ville puisse se maintenir durablement à son train de vie actuel (toujours sans aucun autre échange avec lextérieur que la lumière du soleil) ?
La réponse est surprenante. Prenons Londres, par exemple : il faut 125 fois sa surface en territoires adéquats (forêts, terres cultivables, pâturages, etc.) pour subvenir à tous ses besoins durablement !
Cette surface dont la ville a besoin pour survivre durablement est lempreinte écologique de la ville.
En fait, on peut se représenter une ville (mais également un pays, une société, etc.) comme étant un organisme vivant : son métabolisme (humain et industriel) exige des aliments et produit des déchets comme on le voit sur la figure ci-dessus
En divisant la surface dont la ville a besoin par le nombre dhabitants quelle contient, on obtient une empreinte écologique moyenne par personne plus facile à comparer à celle dautres villes et / ou populations.
Le même type de raisonnement (coupole de verre) peut être appliqué à léchelle dun pays, à léchelle du Monde, mais aussi à léchelle dune famille voire dun individu pour trouver lempreinte écologique dun pays, du Monde, dune famille ou dun individu.
Voici une définition plus formelle de lempreinte écologique (Wackernagel et Rees, 1996) :
Lempreinte écologique dune population humaine correspond à la surface biologique productive nécessaire au maintien durable de la population à son niveau de vie actuel :
La surface biologique productive (SBP) est composée de forêts, de terres cultivées, de pâturages et des zones côtières des océans (où se déroule plus de 90% de la pèche) réparties dans les mêmes proportions que sur notre planète. La SBP représente donc une surface de Terre dont la productivité est égale à la moyenne mondiale. La SBP dune population est réservée uniquement à cette population, de manière à pouvoir lui fournir pour toujours les ressources consommées au taux de consommation actuel.
Une coupole existe réellement sur la Terre entière car notre écosphère (ensemble de tous les écosystèmes) est limitée. Les limites sont celles de notre planète!
On peut donc se poser la question de savoir si lempreinte écologique du Monde entier rentre à lintérieur de notre petite planète
La réponse, comme pour la ville, est NON ! ! !
En effet, lempreinte écologique moyenne par personne de toute la population mondiale vaut environ 2,9 hectares alors que la surface biologique productive disponible sur notre planète natteint que 2,2 hectares par personne environ. On voit donc quil faudrait déjà près dune planète et demi pour subvenir aux besoins toujours croissants dune population toujours croissante
Alors, pourquoi ne sommes-nous pas tous morts ? ? ?
Simplement parce que nous sommes entrain de survivre sur les réserves de la Terre. En effet, les réserves de pétrole se sont formées en plusieurs millions dannées, les grandes forêts nous offrent des stocks de bois qui se sont également formés en beaucoup de temps. Les océans regorgent dune quantité phénoménale de poissons que nous pouvons manger. Mais à force de dilapider toutes nos réserves, il ne restera bientôt plus rien pour les générations futures qui devront changer dattitude de force
Il faudrait donc changer notre manière de concevoir le progrès pour le définir non pas en termes de croissance économique (qui ne tient pas compte de toutes les ressources naturelles) mais plutôt en terme de développement durable et équitable.
Je cherche à compter toutes les ressources dont jai besoin pour vivre selon mes habitudes. Je transforme ensuite toutes ces ressources en surface grâce à des modèles (cf. 3).
On utilise les statistiques des Nations Unies et dautres documents permettant destimer la production, importation et exportation de matières premières, de produits finis, dénergie, etc. pour en tirer une empreinte écologique par personne (cf. modèles ci-dessous).
Quelle est mon empreinte écologique, à titre individuel ?
On peut utiliser un ordinateur pour donner une réponse approximative à cette question en peu de temps. Il existe en effet de nombreux programmes qui utilisent les modèles entrevus un peu plus haut pour donner des estimations dempreinte plus ou moins raffinées. Le programme quon va utiliser a été développé par une organisation Américaine "Redefinig Progress" (www.rprogress.org). L'interface quon utilise a été développée par "Agir 21" de Genève (www.agir21.org) et le "b7studio" de Genève (www.b7studio.com). Il se base sur les réponses quon donne à quelques questions portant sur les trois catégories les plus gourmandes en empreinte écologique : La nourriture, le transport et le logement.
Pour chaque question posée, on peut avoir des informations en passant avec la souris sur la case " info ". Après avoir répondu à toutes les questions dune catégorie, lordinateur nous donne déjà lempreinte partielle liée à cette catégorie. Quand on a fini de répondre à toutes les questions, on peut voir les résultats globaux, cest-à-dire mon empreinte écologique !
Les résultats sont donnés en nombre de terrains de foot réservés uniquement pour moi et durant toute ma vie. Un terrain mesure environ 100m x 50m, ce qui correspond à 0,5 hectare. On peut donc diviser par deux le nombre de terrains de foot pour avoir la réponse en hectares.
Je remarque que les réponses qui font le plus monter mon empreinte écologique sont les suivantes :
Jimagine des manières simples et réalistes pour réduire mon empreinte en modifiant mes habitudes :
Voici ce que je retire de ce que jai appris sur lempreinte écologique :
Les modifications individuelles sont nécessaires pour faire évoluer la situation actuelle. Elles seules peuvent nous remettre sur un chemin plus durable et éviter le précipice que représentent la dilapidation et le partage injuste des ressources naturelles. Pour redéfinir en quoi consiste le progrès, on dispose dun outil intéressant qui peut nous aider à savoir si nos habitudes nous mènent au précipice ou pas : cest lempreinte écologique !
Nous remercions M. Wackernagel de nous avoir aidé dans la préparation de ce document et pour lautorisation de reproduire les figures de son ouvrage : Wackernagel M, Rees W, " Our Ecological Footprint : Reducing Human Impact on the Earth ", New Society Publishers, Gabriola Island, BC and Stony Creek, USA, 160p, 1996.