Cette distinction entre deux types de représentation est intéressante pour nous car elle met en avant deux formes de représentations mentales, une qui serait analogique et qui préserverait donc les propriétés structurales des objets représentés et une autre qui utiliserait des signes arbitraires et qui serait plus abstraite. Nous parlons donc ici des différentes formes de représentations cognitives. Ce qui nous conduit à parler du rapport entre image matérielle et image mentale.
Les images matérielles et mentales se caractérisent, selon Denis, par le fait qu'il "s'agit toujours de processus de transformation, d'extraction et de réduction de l'information, de conservation de certaines relations structurales, topologiques, etc.".
Nous allons simplement reprendre le schéma de Darras expliquant les différents degrés de représentation. Mais auparavant, il est nécessaire
de rappeler les deux notions sur lesquelles il se base: la pensée visuelle et la pensée figurative.
La pensée visuelle "est un ensemble cognitif, sémiotique et pragmatique complexe dont le domaine de référence est celui de l'expérience optique. Le visuel
et le champ de référence qu'il constitue déterminent à la fois le mode d'accès à l'information, le traitement de cette information, et son
fonctionnement cognitif."
La pensée figurative "travaille un matériel dérivé de la perception et notamment de la perception visuelle, mais ce matériel est
entièrement reconstruit par l'économie cognitive. Les processus de catégorisation, la typicalité et les résumés cognitifs opèrent dasn ce matériel
des sélections et des remaniements fondamentaux".
Pour la définition exacte des différents termes utilisés dans le schéma ci-dessous, nous vous renvoyons au texte, p. 80 et suivantes.
Nous nous contentons de reproduire ici 2 tableaux récapitulatifs de Darras (p. 93 et suivantes) mettant en relation les signes, leurs origines cognitives, les limites du système de signes, les modalités de relation avec l'environnement, les objectifs de production et les objectifs de reproduction.
SIGNES et Origines cognitives |
LIMITES DU SYSTEME DE SIGNES | MODALITES DES RELATIONS AVEC L'ENVIRONNEMENT | OBJECTIFS DE PRODUCTION | OBJECTIFS DE REPRODUCTION |
ICONOTYPE Niveau de base Mémoire procédurale |
OUVERTES Ils peuvent cotoyer d'autres schémas et même des similis |
ALLONOME, PLURIMEDIA, INTERACTIF Ils réclament un ensemble d'interactions communicationnelles. Leurs signification et interprétation en dépendent. |
COMMUNICATION DYNAMIQUE & MEDIATION Rapide, consensuelle, locale, éphémère ou médiatisable |
STEREOTYPIE, PROTOTYPIE & REPLIQUE |
SCHEMA Niveau de base |
OUVERTES Ils peuvent cotoyer d'autres schémas et même des similis. |
ALLONOME, PLURIMEDIA, INTERACTIF Idem |
COMMUNICATION DYNAMIQUE & STATIQUE Rapide, consensuelle, locale, éphémère ou médiatisable. |
STEREOTYPIE PROTOTYPIE |
SCHEMA Niveau subordonné |
OUVERTES Ils peuvent cotoyer d'autres schémas et des similis avec lesquels ils se confondent souvent. |
UNIMEDIA, AUTONOME Ils peuvent devenir autosuffisants |
DESCRIPTION MEDIATISATION | |
SIMILI Image mentale Perception |
FERMEES Les similis réclament une cohérence optique et supportent mal le voisinage des schémas qui brisent les effets illusionnistes. |
UNIMEDIA et AUTONOME Ils sont destinés à être autosuffisants. |
IMITATION ou DESCRIPTION MEDIATISATION |
|
PICTOGRAMMES Niveau de base Iconotype |
FERMEES Les systèmes pictographiques sont généralement fermés. Ils acceptent toutefois de nouveaux schémas destinés à enrichir le système. |
UNIMEDIA et AUTONOME Partiellement autonomes, ils renvoient à un code et à un système d'écriture et de lecture. |
MEDIATISATION | PROTOTYPE REPLIQUE |
Une icone est une unité d'information très particulière qui se caractérise notamment par le fait que
son fonctionnement se base sur une représentation analogique, souvent monosémique et souvent métaphorique.
Du point de vue psycho-cognitif, l'icone agit au niveau de la communication, de la sémiotique et de la cognition.
Du point de vue de l'utilisation, les icones posent les problèmes d'ergonomie, de design et d'aide à la structuration textuelle.
On distingue deux catégories d'icones: les icones de fonction (icones de commande et icones outils) et les icones de marquage dont les
fonctions respectives sont:
Se dégage de tous ces critères une échelle d'iconicité. Nous reprenons ici le schéma de Peraya, ressource II-2, p. 18.
L'extrémité de l'échelle, nous amène justement à la problématique de la polysémie. En effet, pour rester dans l'univers informatique, pourquoi
les icones se sont vues ajoutées d'une bulle d'aide textuelle?
L'icone, dès qu'elle dépasse la représentation analogique monosémique, de par sa nature métaphorique, reste souvent mystérieuse.
A ceci s'ajoute le fait que l'interprétation d'une icone est fortement dépendante des cultures et sous-cultures du récepteur...
La ressource II-4 vous offre des exemples d'analyses d'icones.