II- Du texte à l'image

Eléments textuels et non textuels

Un contenu éducatif peut être présenté sous des formes différentes. Nous allons principalement nous concentrer sur deux formes, présentes dans les documents éducatifs numériques: la forme textuelle et la forme non textuelle. Par non-textuelle, il faut entendre toute plage visuelle (graphique, schéma, image, etc.) et exclure le son ou l'image animée.
Quelle est alors la fonction du textuel par rapport au non textuel?
Deux approches sont à prendre en compte: Sur le plan psychologique, des expériences ont montré que les activités cognitives seraient régies par deux modes de représentation symbolique: De cette théorie, découle celle du double codage: les deux types d'information ont alors intérêt à produire des effets de convergence, à être en interrelation et à ne pas être en compétition comme le montre le schéma ci-dessous de J.R. Kirby, ressource II-1, p.18.

double codage

Cette distinction entre deux types de représentation est intéressante pour nous car elle met en avant deux formes de représentations mentales, une qui serait analogique et qui préserverait donc les propriétés structurales des objets représentés et une autre qui utiliserait des signes arbitraires et qui serait plus abstraite. Nous parlons donc ici des différentes formes de représentations cognitives. Ce qui nous conduit à parler du rapport entre image matérielle et image mentale.

( cf. ressource II-1)

Image matérielle / Image mentale

Pour comprendre la relation entre image matérielle et image mentale, il faut introduire deux autres éléments: l'objet réel et la perception. Cela nous permet de comprendre qu'à partir de notre perception de l'objet réel, nous construisons une image matérielle qui sera ensuite transformée en image mentale. Le schéma de D. Peraya (ressource II-1, p. 22) met en valeur les relations entre les différents pôles:

schema image materielle-image mentale

Les images matérielles et mentales se caractérisent, selon Denis, par le fait qu'il "s'agit toujours de processus de transformation, d'extraction et de réduction de l'information, de conservation de certaines relations structurales, topologiques, etc.".

( cf. ressource II-1)

Echelle d'iconicité

Tout le matériel présenté dans ce paragraphe est extrait du texte de B. Darras, ressource II-3.

Nous allons simplement reprendre le schéma de Darras expliquant les différents degrés de représentation. Mais auparavant, il est nécessaire de rappeler les deux notions sur lesquelles il se base: la pensée visuelle et la pensée figurative.
La pensée visuelle "est un ensemble cognitif, sémiotique et pragmatique complexe dont le domaine de référence est celui de l'expérience optique. Le visuel et le champ de référence qu'il constitue déterminent à la fois le mode d'accès à l'information, le traitement de cette information, et son fonctionnement cognitif."
La pensée figurative "travaille un matériel dérivé de la perception et notamment de la perception visuelle, mais ce matériel est entièrement reconstruit par l'économie cognitive. Les processus de catégorisation, la typicalité et les résumés cognitifs opèrent dasn ce matériel des sélections et des remaniements fondamentaux".

degrés de représentation

Pour la définition exacte des différents termes utilisés dans le schéma ci-dessous, nous vous renvoyons au texte, p. 80 et suivantes.

Nous nous contentons de reproduire ici 2 tableaux récapitulatifs de Darras (p. 93 et suivantes) mettant en relation les signes, leurs origines cognitives, les limites du système de signes, les modalités de relation avec l'environnement, les objectifs de production et les objectifs de reproduction.

SIGNES
et Origines cognitives
LIMITES DU SYSTEME DE SIGNES MODALITES DES RELATIONS AVEC L'ENVIRONNEMENT OBJECTIFS DE PRODUCTION OBJECTIFS DE REPRODUCTION

ICONOTYPE
Niveau de base
Mémoire procédurale
OUVERTES
Ils peuvent cotoyer d'autres schémas et même des similis
ALLONOME, PLURIMEDIA, INTERACTIF
Ils réclament un ensemble d'interactions communicationnelles. Leurs signification et interprétation en dépendent.
COMMUNICATION DYNAMIQUE & MEDIATION
Rapide, consensuelle, locale, éphémère ou médiatisable
STEREOTYPIE, PROTOTYPIE & REPLIQUE
SCHEMA
Niveau de base
OUVERTES
Ils peuvent cotoyer d'autres schémas et même des similis.
ALLONOME, PLURIMEDIA, INTERACTIF
Idem
COMMUNICATION DYNAMIQUE & STATIQUE
Rapide, consensuelle, locale, éphémère ou médiatisable.
STEREOTYPIE
PROTOTYPIE
SCHEMA
Niveau subordonné
OUVERTES
Ils peuvent cotoyer d'autres schémas et des similis avec lesquels ils se confondent souvent.
UNIMEDIA, AUTONOME
Ils peuvent devenir autosuffisants
DESCRIPTION MEDIATISATION
SIMILI
Image mentale
Perception
FERMEES
Les similis réclament une cohérence optique et supportent mal le voisinage des schémas qui brisent les effets illusionnistes.
UNIMEDIA et AUTONOME
Ils sont destinés à être autosuffisants.
IMITATION ou DESCRIPTION
MEDIATISATION
PICTOGRAMMES
Niveau de base
Iconotype
FERMEES
Les systèmes pictographiques sont généralement fermés. Ils acceptent toutefois de nouveaux schémas destinés à enrichir le système.
UNIMEDIA et AUTONOME
Partiellement autonomes, ils renvoient à un code et à un système d'écriture et de lecture.
MEDIATISATION PROTOTYPE
REPLIQUE

( cf. ressource II-3)

Icone et Polysémie

Pour terminer cette brève présentation, nous allons nous recentrer sur un type de représentation particulière qui est très répandue dans le domaine informatique, il s'agit des icones. Ce sujet soulèvera également la question de la multiplicité de l'interprétation, selon la nature et la qualité de la représentation.

Une icone est une unité d'information très particulière qui se caractérise notamment par le fait que son fonctionnement se base sur une représentation analogique, souvent monosémique et souvent métaphorique.
Du point de vue psycho-cognitif, l'icone agit au niveau de la communication, de la sémiotique et de la cognition.
Du point de vue de l'utilisation, les icones posent les problèmes d'ergonomie, de design et d'aide à la structuration textuelle.
On distingue deux catégories d'icones: les icones de fonction (icones de commande et icones outils) et les icones de marquage dont les fonctions respectives sont:


On peut également opérer une distinction entre icones génériques et icones spécifiques: les premières sont uniques et représentent des fonctions propres à un environnement de travail (ex: dans un logiciel de phonétique, l'icone correspondant à la mesure de la fréquence fondamentale) alors que les deuxièmes représentent des fonctionnalités trans-logiciels (ex: l'icone de sauvegarde).

Se dégage de tous ces critères une échelle d'iconicité. Nous reprenons ici le schéma de Peraya, ressource II-2, p. 18.

echelle d'iconicité

L'extrémité de l'échelle, nous amène justement à la problématique de la polysémie. En effet, pour rester dans l'univers informatique, pourquoi les icones se sont vues ajoutées d'une bulle d'aide textuelle?
L'icone, dès qu'elle dépasse la représentation analogique monosémique, de par sa nature métaphorique, reste souvent mystérieuse. A ceci s'ajoute le fait que l'interprétation d'une icone est fortement dépendante des cultures et sous-cultures du récepteur...

La ressource II-4 vous offre des exemples d'analyses d'icones.

( cf. ressource II-2 et II-4)